La viande serait bonne pour la santé, selon une étude… controversée

Chère lectrice, cher lecteur,

À l’heure où l’on décerne les prix Nobel 2019, certains scientifiques mériteraient de recevoir le prix… de la mauvaise foi.

Début octobre, un groupe de recherche a publié une importante étude sur la viande et son impact sur la santé dans la revue Annals of Internal Medicine.

Dans leurs conclusions, les chercheurs recommandent de continuer de manger de la viande rouge et de la viande transformée (comme la charcuterie par exemple).

Selon eux, il n’y a pas de preuves suffisantes sur les méfaits liés à la viande.

Bizarre, quand on sait que la majorité des organismes de santé conseillent aujourd’hui de limiter sa consommation, que ce soit l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ou le Programme national nutrition santé français (PNNS).

Des scientifiques touchés par une mystérieuse « amnésie » générale

Mais les auteurs de cette étude ont « oublié » de préciser un petit détail…

Certains d’entre eux auraient des liens avec l’industrie agroalimentaire, et plus précisément avec l’industrie de la viande.

Oups…

Vous le savez peut-être, mais les scientifiques sont tenus de préciser tout conflit d’intérêts dans leurs études.

Et là, rien du tout.

Prenez Patrick Stover par exemple, qui est doyen du collège pour l’agriculture et les sciences de la vie de la Texas A & M University. Eh bien il aurait tout simplement « oublié » que l’université pour laquelle il travaille a reçu plusieurs millions de dollars de financement des industriels de la viande.

Et ce n’est pas tout.

L’unité de recherche qu’il dirige a reçu, en 2019, 2 millions de dollars de la part du secteur du bœuf. Allez faire un tour sur son site internet, vous y trouverez un peu partout des morceaux de viande et des saucisses.

C’est aussi le cas de Bradley Johnston, coordinateur de l’étude sur la viande et professeur associé à l’université Dalhousie, au Canada.

Bradley Johnston, lui, aurait « oublié » qu’il avait reçu, en 2015, de l’argent de l’International Life Sciences Institute (ILSI), un puissant lobby de l’agroalimentaire tenu notamment par Coca-Cola, Danone, Monsanto et Carghill, qui produit et distribue, entre autres, de la viande aux industriels.

Bradley Johnston n’en est d’ailleurs pas à son premier coup d’essai, puisqu’en 2016, il avait déjà réalisé une étude, financée par l’ILSI, pour minimiser les méfaits du sucre sur la santé.

Alors quand les chercheurs annoncent, au tout début de leur étude sur la viande, qu’ils ont mis en place « des critères stricts [pour] limiter les conflits d’intérêts »…

On peut se demander s’ils ne souffrent pas d’une mystérieuse amnésie générale… ou si c’est simplement de la mauvaise foi.

Leurs recommandations contredisent les résultats de l’étude

Le pire c’est que ces recommandations à manger de la viande semblent aller à l’encontre des résultats.

En effet, dans leur étude, les scientifiques ont trouvé un lien entre une grande consommation de viande et certaines maladies.

Les auteurs ont par exemple découvert qu’une consommation plus faible de viande (3 fois par semaine) diminuerait le risque de mortalité de 13 % et que cela réduirait le nombre de morts du cancer.

Par ailleurs, les auteurs auraient utilisé une méthodologie controversée, inadaptée aux recherches sur l’alimentation.

Quoi qu’il en soit, des centaines de publications ont prouvé qu’une consommation excessive de viande serait néfaste pour la santé.

Limitez votre consommation de viande

Jean-Paul Curtay, spécialiste en nutrithérapie et auteur du livre Moins de viande, met en garde contre une consommation trop importante de viande.

En 2017, des chercheurs ont montré que les plus gros mangeurs de viande ont un risque de mortalité toutes causes confondues de 26 % plus élevé que ceux qui en mangent le moins.

À l’inverse, une alimentation riche en végétaux ferait baisser le risque de mortalité. Des scientifiques ont suivi 450 000 Européens pendant 13 ans. Ceux qui consomment le plus de végétaux ont une mortalité cardiovasculaire réduite de 13 %, une mortalité pour causes respiratoires réduite de 27 %, et une mortalité pour causes digestives réduite de 40 %, par rapport à ceux qui en consomment le moins.

Selon Jean-Paul Curtay, la viande contiendrait de nombreuses substances qui, en excès, seraient pro-inflammatoires, à commencer par le fer, mais aussi la choline et la carnitine.

Cette action pourrait alors favoriser le développement de maladies inflammatoires comme le diabète ou certains troubles cardiovasculaires.

Mais les problèmes liés à la viande viendraient aussi des mauvaises conditions d’élevage des animaux ainsi que de la nourriture industrielle et des nombreux antibiotiques qu’on leur donne.

La cuisson des viandes, au barbecue ou à la poêle, aurait aussi des effets cancérigènes.

Pour Jean-Paul Curtay, seuls les enfants et les femmes enceintes ou allaitantes devraient consommer régulièrement de la viande, car elles ont plus besoin de fer que les autres.

Et si ce n’est pas votre cas, il vaudrait mieux limiter votre consommation de viande et, quand vous en mangez, privilégier la viande bio et les cuissons douces comme la cuisson à basse température. 

Amicalement,

Florent Cavaler





[1] Bradley C. Johnston and al., Unprocessed Red Meat and Processed Meat Consumption: Dietary Guideline Recommendations From the Nutritional Recommendations (NutriRECS) Consortium, Ann Intern Med. 2019.

[2] OMS : Cancérogénicité de la consommation de viande rouge et de viande transformée

[3] Manger bouger : Les-recommandations pour un mode de vie plus équilibré

[4] Mathilde Gérard et Stéphane Horel, Les auteurs d’une étude minimisant les risques de la viande pour la santé n’ont pas déclaré leurs liens avec l’agroalimentaire, Le Monde, 14 octobre 2019.

[5] The New York Times : Scientist Who Discredited Meat Guidelines Didn’t Report Past Food Industry Ties

[6] Jennifer Erickson, Behnam Sadeghirad, Lyubov Lytvyn,Joanne Slavin, Bradley C. Johnston, The Scientific Basis of Guideline Recommendations on Sugar Intake: A Systematic Review, nn Intern Med. 2017;166(4):257-267.

[7] Mathilde Gérard et Stéphane Horel, Les auteurs d’une étude minimisant les risques de la viande pour la santé n’ont pas déclaré leurs liens avec l’agroalimentaire, Le Monde, 14 octobre 2019.

[8] Jean-Paul Curtay et Véronique Magnin, Moins de viande, Editions Solar, 2018.

[9] Etemadi A et al., Mortality from different causes associated with meat, heme iron, nitrates, and nitrites in the NIH-AARP Diet and Helath Study: population based cohort study, BMJ, 2017, 357:j1957.

[10] Leenders M et al., Fruit and vegetable intake and cause-specific mortality in the EPIC study, Eur J Epidemiol, 2014, 29(9):639-52.

8 réponses à “La viande serait bonne pour la santé, selon une étude… controversée”

  1. akine dit :

    je finis par me demander si l’argent, enfin la monnaie, n’est pas un organisme vivant et intelligent qui aurait pris le pouvoir sur l’homme!!!

  2. lola dit :

    et bien moi j’adore la viande et je me porte bien! je ne suis pas herbivore je mange des légumes certes bio des bons fruits bio mais je mange une belle entrecote label rouge car je trouve pas « bleu blanc coeur » dans ma ville malheureusement, et j’avoue si j’arrête la viande rouge je suis fatiguée, depuis toute petite je mange de la viande rouge et cuisson « bleu » et j’avais une énergie de cheval!! et jamais malade. Maintenant c’est vrai que la bonne viande est dure à trouver, avec les anti bio etc… et idem pour les légumes avec les pesticides , car même bio les sols sont pollués! c’est idem pour le poisson rempli de mercure etc… donc on fait pour le mieux on essaye de passer entre les gouttes! mais l’essentiel c’est de se faire plaisir en mangeant et quand je vois tous ces végétariens ridés, maigres, avec un visage triste, pas souriants, je préfère continuer à manger 3fois par semaine ma bonne viande et mon fromage de brebis ou de chèvre (mais jamais de lait de vache ni de fromage de vache ça c’est du poison)

  3. Hanne dit :

    Bonjour,Je vous signale que les liens ont été oubliés dans ce texte. Dommage!
    Cordialement
    ME

    • Florent dit :

      Bonjour,
      Les sources sont consultables depuis le site PureSanté, en bas de l’article. Il vous suffit de cliquer sur l’onglet : « Cliquez ici pour consulter les sources ».
      Cordialement,
      Florent

  4. Isa F. dit :

    Si nous revenons chez nous. Qu’en est-il de la Haute Autorité de Santé, qui veut dérembourser l’homéopathie, et qui travaille pour les lobbys pharmaceutiques? Ne peut-on pas les poursuivre en justice pour conflit d’intérêts? Allons-nous subir leur décision, honteuse à mon sens, malgré 1,3 millions de signatures ?!!!!

  5. philippe Lévi dit :

    si j’ai bien lu, en fait ils sont tous d’accord (OMS, scientifiques américains payés par l’industrie alimentaire et mr Curtay) … l’excés nuit.

    après il reste à savoir ce qu’est pour les uns et les autres l’excès,

    de toutes, en la matière, il n’y a pas vraiment de norme … chaque personne est différente … d’ailleurs, bien souvent, elle découvrira qu’elle était dans l’excès … un peu trop tard!! 🙁

  6. Sire dit :

    on vaccine les animaux, ,on leurs donne des antibiotiques et autres médicaments et cerise sur le gâteau des hormones de croissance comment voulez vous avec toutes ses substances chimiques que l on soit bien portant en ingérant de la viande et comment voulez vous que l’on est aussi des animaux en bonne santé. Il me semble là que c’est un facteur éssentiels de problèmes de santé ,maladie et autres symptômes..nicole

    • Philippe Errembault dit :

      Ça, et la cuisson. Je connais au moins deux cas qui revendiquent d’être revenus à la santé au moment où ils ont mangé de grandes quantités de viande crue…

      Cela dit, en dehors de la question des produits chimiques, je pense qu’il y a aussi un autre problème, c’est que toutes ces viandes sont abattues quand leur croissance cesse d’être rentable et non quand elle est totalement terminée. Donc même sans additifs, les viandes de boucherie sont chargées en hormones de croissance et le Docteur André Gernez soutenait que celle-ci seraient un facteur de cancer.

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