Eau du robinet cancérogène : (encore) un scandale sanitaire ?
Chère lectrice, cher lecteur,
Si vous pensez encore que vous pouvez boire votre eau du robinet sans la filtrer…
…alors lisez ceci.
Je vous ai alerté à plusieurs reprises sur la pollution de l’eau (du robinet ou en bouteille).
C’est sans doute l’une des pires catastrophes sanitaires… et cela semble s’empirer de semaine en semaine.
Rien que depuis le dĂ©but de l’annĂ©e, plusieurs nouveaux scandales ont Ă©clatĂ©.
Le 23 janvier dernier, une nouvelle enquête menée conjointement par l’UFC-Que Choisir et Générations Futures a révélé une grave contamination aux PFAS dans la plupart des régions de France.
Je vous ai déjà alerté à plusieurs reprises sur ces composés à base de fluor qui, en plus d’être très toxiques, seraient aussi quasiment indestructibles (on les appelle d’ailleurs « polluants éternels »).
Or ces PFAS ont été détecté dans 29 des 30 prélèvements analysés, y compris dans les grandes villes comme Paris, Lyon ou encore Bordeaux1.
Autrement dit, ces polluants seraient partout !
11 PFAS différents dans la même eau ?
Les associations UFC-Que Choisir et Générations Futures ont analysé un total de 33 PFAS, et les résultats sont alarmants : des polluants ont été découverts dans presque toutes les eaux analysées.
Pire encore, certaines zones, comme Tours ou les environs de Rouen, présentent un véritable cocktail chimique, avec respectivement 10 et 11 PFAS différents relevés dans un seul prélèvement.
Parmi ceux-ci, on trouve notamment le TFA (acide trifluoroacétique), résidu de certains pesticides, qui a été détecté dans 24 prélèvements sur 30, notamment à Paris ou dans des communes des agglomérations de Poitiers et Orléans.
Et ce n’est pas tout.
Depuis des mois, les alertes se multiplient un peu partout dans l’Hexagone :
- À Moussac, dans le Gard, le TFA atteint des concentrations record, avec 13 000 ng/l, soit 130 fois la future limite européenne prévue en 2026.
- Paris n’est pas épargnée : le 10ᵉ arrondissement afficherait un taux de 6 200 ng/l.22
![]() |
La France, dernier de la classe au niveau des normes ?
Problème, les normes sont beaucoup trop laxistes en France.
Pour vous dire, la somme de 20 PFAS spécifiques est limitée à 100 ng/l, bien loin des normes d’autres pays.
Au Etats-Unis, la limite autorisée est fixée à 4 ng/l pour 2 PFAS, et au Danemark, elle est même à 2 ng/l pour la somme de 4 molécules spécifiques.
«  Si l’on appliquait simultanément les normes danoises sur les PFAS et les seuils français pour les pesticides, plus de 80 % des prélèvements (25 sur 30) ne respecteraient pas au moins l’une de ces exigences », explique UFC-Que Choisir3.
Et ce n’est pas tout : le TFA n’est même pas recherché dans les contrôles réglementaires en France ! On ne mesure donc pas toute l’ampleur du scandale !
Pourquoi nous devons nous inquiéter
Ces PFAS proviennent de produits industriels en tout genre : pesticides, textiles, emballages alimentaires, mousses anti-incendie, gaz réfrigérants, revêtements anti-adhésifs, cosmétiques, dispositifs médicaux…
Une fois libérées dans l’environnement, elles s’accumuleraient partout : dans l’air, le sol, les rivières… et, inévitablement, dans nos corps.
Ce qui inquiète avec les PFAS, et notamment le TFA, c’est leur double menace :
- Ils seraient quasi indestructible : une fois dans l’environnement, ils s’accumulent et ne disparaissent pas.
- Ils seraient toxiques pour l’environnement, mais aussi (et surtout) pour l’homme
Depuis décembre 2023, certains de ces PFAS sont d’ailleurs considérés par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) comme « cancérogène pour l’Homme ».
Ils pourraient notamment avoir des effets délétères sur la fertilité et le développement du fœtus, le foie, les reins, la thyroïde et l’immunité4.
Et pourtant, comme je l’ai dit, certains de ces polluants sont encore très peu surveillés en France.
Les autorités pas pressées de bouger : à nous d’agir !
Ce qui me frappe, c’est à quel point ce sujet est devenu récurrent, presque banal.
Ces derniers mois, combien d’études, de rapports, de mises en garde avons-nous vu passer ?
Pourtant, peu de changements concrets sont mis en place.
Une proposition de loi visant à restreindre les PFAS a été adoptée en première lecture, mais le chemin est encore long.
Et pendant ce temps, les industriels continuent de plaider pour des dérogations, au mépris de notre santé et de celle des générations futures.
Face à une pollution si insidieuse et omniprésente, il n’existe pas de solution miracle.
Mais nous ne sommes pas totalement impuissants :
- Investissez dans des systèmes de filtration performants. Je vous en parle dans une lettre à ce sujet. Même si peu de technologies permettent de tout éliminer, l’osmose inverse ou les filtres avancés pourrait réduire votre exposition.
- Soutenez les initiatives réglementaires. Faites entendre votre voix auprès des décideurs. La loi qui sera débattue en février 2025 pourrait être un premier pas décisif.
- Restez informés. Ce combat ne fait que commencer, et chaque avancée compte.
De mon côté, je m’engage à continuer de vous tenir informés sur ce sujet crucial.
Mais, honnêtement, je ne peux m’empêcher de me demander : combien de temps allons-nous tolérer cette situation avant de réagir collectivement ?
Amicalement,
Florent Cavaler
PS. : Si vous avez des questions sur les moyens de réduire votre exposition aux polluants, je vous invite à  lire cette lettre.
Laisser un commentaire