Voyage en avion : pire qu’un confinement pour votre santé

Chère lectrice, cher lecteur,

« L’avion est le moyen de transport le plus sûr au monde. »

C’est ce qu’on dit souvent pour rassurer ceux qui ont peur…

Si on tient compte des décès causés par les accidents d’avion, les risques sont minimes : entre 2014 et de 2018, il y a eu en moyenne 0,24 accident mortel sur un million de vols commerciaux[1].

Mais l’avion présente un autre danger, plus insidieux, dont on parle beaucoup moins.

20 heures confinés dans un avion ? Voici ce que vous risquez…

Ce lundi, la compagnie Qantas a annoncé fièrement le lancement d’une ligne directe entre Londres et Sydney, ce qui en ferait le vol commercial le plus long du monde, soit une vingtaine d’heures[2].

C’est une prouesse technique, certes, mais aussi un risque important pour la santé.

Car cela signifie rester 20 heures :

  • En position assise (et parfois très inconfortable)
  • En altitude (donc plus exposé à certaines radiations cosmiques et à une pression atmosphérique plus faible)
  •  Dans un environnement sec, fermé, avec beaucoup d’autres personnes

Or pour chacun de ces points, les chercheurs ont mis en avant des risques plus ou moins importants sur notre santé.

Vous verrez qu’il existe heureusement à chaque fois des solutions pour limiter ces risques.

Cancer et turbulences

Depuis le début des années 2000, des dizaines de recherches épidémiologiques ont étudié les effets des vols en avion sur le risque de cancer et la mortalité[3].

En cause : les ultraviolets en haute altitude[4].

À 9 000 mètres d’altitude, l’intensité des rayons UV est beaucoup plus forte que sur terre.

En 2015, une importante méta-analyse a passé en revue 19 études qui portaient sur un total de 266’431 pilotes et personnels de cabine[5].

La conclusion des scientifiques est catégorique : ceux-ci feraient deux fois plus de mélanomes que la population générale.

Le mélanome est une forme de cancer rare, mais potentiellement grave en raison de sa forte capacité à faire des métastases[6].

Mais ce n’est pas tout.

D’autres travaux scientifiques ont montré que les professionnels de l’aviation avaient un risque plus élevé que les autres de développer toutes les formes de cancer qui ont été étudiées jusque-là (utérus, sein, intestin, thyroïde, cervicales…)[7].

Rassurez-vous, ces risques ont été mesurés uniquement chez les pilotes et personnels de cabine qui passent une grande partie de leur temps en altitude.

Un voyage en avion de temps à autre pour vos vacances n’aura sans doute aucune incidence significative sur le risque de cancer.

En revanche, cela pourrait affecter votre santé cardiovasculaire.

Thrombose en plein ciel

Lors des longs voyages en avion, vous avez peut-être déjà eu les pieds qui gonflent, au point parfois de ne plus pouvoir enfiler vos chaussures.

Les problèmes de retours veineux sont malheureusement fréquents en vol à cause de plusieurs facteurs[8] :

  • L’immobilisation prolongée, qui empêche une bonne circulation du sang
  • La pression atmosphérique plus basse (équivalente à une altitude de 2 400 mètres[9]) qui diminue la concentration d’oxygène dans votre sang.
  • La déshydratation (à cause de la climatisation et parce qu’on a tendance à boire peu) qui diminue la fluidité sanguine

Or cela peut provoquer la formation d’un caillot de sang dans une veine.

Les scientifiques ont démontré qu’un vol de plus de 4 heures augmente votre risque de thrombose veineuse profonde (phlébite), avec de potentielles complications (embolies pulmonaires)[10].

Il s’agit d’un problème de santé grave qui tuerait davantage que le sida, le cancer du sein et les accidents de la route réunis[11].

Sur un voyage de plus de 12 heures, le risque serait même 10 fois plus élevé.

C’est particulièrement vrai si vous avez des facteurs de risque préexistants : jambes lourdes, varices, obésité, grossesse, tabagisme…

Mais le risque de phlébite en avion concernerait tout le monde, même si vous n’avez aucun problème veineux.

Une enquête du Green Lane Hospital (Nouvelle-Zélande), parue dans The Lancet, a suivi 878 habitués de vols long-courriers pendant 6 semaines[12].

Durant cette période, les participants ont effectué au moins un vol aller-retour de 4 heures ou plus, pour une durée de vol totale de 39 heures en moyenne par personne.

Six semaines plus tard, cinq d’entre eux ont souffert d’une thrombose veineuse profonde et quatre d’une embolie pulmonaire.

Les auteurs concluent à l’existence d’un lien entre les vols longs et la thrombose veineuse, même en cas de risque faibles ou modérés.

Y a-t-il un virus dans l’avion ?

Les avions seraient aussi des vecteurs de maladies infectieuses. On en a d’ailleurs beaucoup parlé ces deux dernières années.

Ils permettent non seulement aux infections de voyager d’un continent à l’autre et de se propager rapidement dans le monde.

La communauté scientifique estime ainsi que le transport aérien a été l’un des principaux vecteurs de l’épidémie de grippe H1N1 en 2009[13].

Mais l’habitacle de l’avion serait aussi un lieu propice au développement et à la transmission des microbes pathogènes.

Plusieurs publications ont mis en évidence un risque de transmission de la grippe lors des voyages en avion, causé notamment par la forte promiscuité entre les passagers[14-15].

Mais ces risques seraient en réalité plus faibles qu’on pourrait le croire.

En 2018, une étude a découvert, étonnamment, que la transmission du virus de la grippe était relativement faible dans les avions[16].

Ainsi, même un passager très grippé n’infecterait, en moyenne, que 0,7 passager par vol. Seules les personnes dans l’environnement proche (environ un mètre) du malade risqueraient d’être infectées.

L’hypothèse est que la plupart des passagers restent assis durant le vol et que ceux qui quittent leur siège le font sur une durée très courte.

Les germes infectieux circuleraient donc peu.

Mais plus le vol est long, plus le risque de contamination serait élevé.

Stress, otite et insomnie au-dessus de l’Atlantique

Stress avant le départ, peur en avion, contrôle à la douane, correspondance serrée, décalage horaire, promiscuité, manque de liberté de mouvement…

Voyager en avion, c’est aussi accepter diverses nuisances et contraintes qui peuvent affecter votre état émotionnel et physique :

  • Otites et troubles ORL[17] : nous avons tous déjà eu les oreilles qui se bouchent à cause des variations de pression. Dans de rares cas, cela peut se transformer en otite, notamment si vous êtes enrhumé ou souffrez de sinusite. La sécheresse de l’environnement et la climatisation peuvent aussi causer des maux de gorge et assécher les yeux.
  • Anxiété et stress[18] : l’avion est une source importante de stress : 30 % des voyageurs seraient anxieux, voire terrorisés pendant un voyage. Il y a bien sûr la peur en avion, mais aussi tout le stress des préparatifs du voyage, de ne pas rater son avion, d’avoir tous les documents en règle, etc.
  • Insomnie[19] : les longs voyages nocturnes ne sont pas toujours propices au repos. Il n’est pas toujours facile de dormir sur un siège inconfortable, au milieu des autres dans un milieu parfois bruyant. On sait aussi que le décalage horaire, dès qu’on traverse trois fuseaux horaires ou plus, a un impact physiologique important : fatigue, insomnie et parfois même des troubles digestifs.
  • Vieillissement prématuré[20] : des études ont montré qu’une perturbation du cycle veille-sommeil, par exemple en cas de décalage horaire répété, pouvait avoir un rôle sur le raccourcissement des télomères, et donc sur un vieillissement accéléré des cellules.

Comment passer un vol serein (et limiter la casse sur votre santé)

Voici quelques conseils pour vous aider à voyager dans les meilleures conditions possibles.

Diminuer le stress et l’insomnie

Quelques astuces simples peuvent vous aider à vivre plus sereinement votre voyage :

  • Prévoyez du temps à l’aéroport. Ça peut paraître bête, mais en arrivant tôt, on s’enlève déjà beaucoup de stress en cas d’imprévu, longue attente à la douane, etc. Vous pourrez prendre un moment pour vous avant le vol et vous détendre (tisane, livre…)
  • Soyez organisés : mettez vos billets d’avion, passeport, etc. dans une pochette facilement accessible pour les contrôles. Idem pour vos trousses de bain, que vous devez pouvoir sortir facilement
  • Emportez avec vous ce qui vous fait du bien pour le voyage : un bon livre, de la musique, une tablette de chocolat… L’idée est de faire de votre vol un moment agréable.
  • Si vous prévoyez de dormir dans l’avion, pensez à prendre un masque pour vos yeux et des bouchons d’oreilles, des vêtements amples et confortables, voire une petite couverture.
  • Reposez-vous bien avant le décollage. Un long voyage peut être épuisant. Mieux vaut partir les batteries pleines !

Éviter les complications ORL

Pour limiter le risque de complications ORL :

  • Emportez des vêtements chauds (pull, châle, écharpe…) pour l’avion
  • Évitez de voyager en avion si vous êtes malade (grippe, sinusite, otite…)
  • Pensez à prendre avec vous des huiles essentielles ou des plantes utiles en prévention

Réduire le risque de jambes lourdes et thromboses

Si vous êtes concerné par les problèmes de circulation, je vous conseille de :

  • Vous hydrater suffisamment avant et pendant le vol
  • Choisir un siège côté couloir, pour pouvoir étendre vos jambes plus facilement
  • Bouger : levez-vous régulièrement de votre siège pour marcher dans le couloir, changer souvent de position si possible et s’il s’agit d’un long vol, n’hésitez pas à faire quelques « exercices » ou mouvements au fond de l’avion de temps en temps
  • Porter des bas de contention
  • Porter des vêtements amples et confortables
  • Certaines plantes peuvent vous aider

Vous pouvez également emporter une balle de tennis pour faire quelques exercices très utiles pour la circulation sanguine, par exemple : après avoir enlevé vos chaussures, faites rouler la balle sous votre voûte plantaire en faisant des allers-retours d’avant en arrière. Cela permettra d’activer la circulation et de vous détendre en même temps. C’est un conseil souvent donné par les professionnels aux personnes souffrant de jambes lourdes.

Vous pouvez aussi la faire rouler de votre genou à votre cuisse en exerçant une certaine pression ; ou encore la faire rouler entre vos mains pour détendre vos poignets ; ou même la placer dans votre dos pour masser certaines tensions ou points douloureux en bougeant contre le fauteuil.

Et sinon, prenez le train !

À l’approche des vacances d’été, j’espère que ces conseils vous aideront à voyager plus sereinement dans les airs.

La meilleure solution reste de prendre l’avion le moins possible. C’est non seulement mieux pour votre santé, mais aussi pour l’environnement.

En ce qui me concerne, même s’il m’arrive de prendre l’avion, je privilégie les voyages en train et évite généralement de prendre des vacances à l’autre bout du monde.

Il y a déjà tellement d’endroits magnifiques à visiter en France et dans les pays alentour.

Amicalement,

Florent Cavaler





[1] L’avion est resté l’un des moyens de transport les plus sûrs en 2018, RTS/Reuters, 2 janvier 2019.

[2] Transports. Avons-nous vraiment besoin d’un vol sans escale entre Sydney et Londres ?, Courrier International, 2 mai 2022.

[3] Sigurdson AJ, Ron E. Cosmic radiation exposure and cancer risk among flight crew. Cancer Invest. 2004;22(5):743-61.

[4] Agathe Mayer, Mélanome : les pilotes de ligne seraient plus touchés, Top Santé, 4 septembre 2014.

[5] Sanlorenzo M, Wehner MR, Linos E, et al. The Risk of Melanoma in Airline Pilots and Cabin Crew: A Meta-analysis. JAMA Dermatol. 2015;151(1):51–58.

[6] Agathe Mayer, Mélanome : les pilotes de ligne seraient plus touchés, Top Santé, 4 septembre 2014.

[7] “Cancer prevalence among flight attendants compared to the general population,” Eileen McNeely, Irina Mordukhovich, Steven Staffa, Samuel Tideman, Sara Gale, Brent Coull, Environmental Health, online June 25, 2018

[8] David Bême, Voyage en avion : le risque de thrombose, Doctissimo, 30 juin 2020.

[9] Anne-Virginie Butty Melissa Dominicé Dao Christophe Pala, Consultation avant de prendre l’avion : évaluation et conseils par le médecin de premier recours, Revue médicale suisse, Médecine ambulatoire 443, 24 septembre 2014

[10] Thrombose veineuse profonde et des voyages lointains, Departement des sciences cliniques, Institute of tropical medicine Antwerp, 27 novembre 2014.

[11] Stéphane Demorand, Voyages en avion : mettez des chaussettes de contention !, Le Point, 11 juillet 2016.

[12] Hughes RJ, Hopkins RJ, Hill S, Weatherall M, Van de Water N, Nowitz M, Milne D, Ayling J, Wilsher M, Beasley R. Frequency of venous thromboembolism in low to moderate risk long distance air travellers: the New Zealand Air Traveller’s Thrombosis (NZATT) study. Lancet. 2003 Dec 20;362(9401):2039-44.

[13] Infectious diseases on aircraft, European Centre for disease prevention and control.

[14] Baker M G, Thornley C N, Mills C, Roberts S, Perera S, Peters J et al. Transmission of pandemic A/H1N1 2009 influenza on passenger aircraft: retrospective cohort study BMJ 2010.

[15] Leitmeyer K, Adlhoch C. Review Article: Influenza Transmission on Aircraft: A Systematic Literature Review. Epidemiology. 2016;27(5):743-751.

[16] Jason Daley, Flu Skies: How Influenza Might Spread On a Plane, Smithsonian magazine, 21 mars 2018.

[17] Dr Jacqueline Rossant-Lumbroso, Dr Lyonel Rossant, Voyage en avion : quels risques pour la santé ?, Doctissimo, 18 décembre 2018.

[18] Idem.

[19] Anne-Laure Mignon, Jet-lag : six astuces pour lutter contre les effets du décalage horaire, Figaro, 30 décembre 2020.

[20] Rythmes de vie : les horaires décalés perturberaient la santé, CNRS/Futura Santé, 7 octobre 2017.

5 réponses à “Voyage en avion : pire qu’un confinement pour votre santé”

  1. MICHEL CARLES dit :

    FELICITATIONS POUR VOTRE TEXTE SUR LES VOYAGES EN AVION. MALHEUREUSEMENT JE DOUTE FORT QUE CEUX QUI VOYAGENT SANS ARRET, SURTOUT SUR LEURS JETS PRIVES, CHANGENT DE COMPORTEMENT. ILS SE FERONT ACCOMPAGNER DE MEDECINS ET SE MOQUERONT COMME TOUJOURS DE POLLUER DAVANTAGE. AMICALEMENT

  2. Ech Cherif dit :

    Justement le monde est bien plus magnifique à l’ autre bout du monde🙂 après chaque personne à ses choix..
    Aussi quand on vient comme moi d un autre pays,pas le choix de prendre l avion 😁
    Il y a tellement de paradis sur terre il faut voyager loin pour en avoir pleins les yeux 🤗

  3. Jean-Luc GANIVET dit :

    Depuis les « vaxx  » c’est à dire les faux vaccins contre le covid qui sont des produits expérimentaux dangereux pour lesquels la population sert de cobaye involontaire et non rémunéré , l’avion n’est plus sûr du tout car la majorité des pilotes sont « vaccinés » et on déplore fréquemment des cas de myocardites ou autres malaises cardiaques dus aux « vaxx » parmi l’équipage .
    Je suis Pilote et naturopathe et auteur , donc je sais de quoi je parle ! Si vous êtes pilote privé….utilisez un avion de tourisme..;seulement si vous n’étes pas vacciné , sinon vous risquez de tuer vos passagers avec vous !

  4. Delahaye dit :

    Merci pour toutes ces infos
    Vous n’avez pas parlé de l’aerotoxie qui à mon avis est un risque majeur surtout pour les pilotes

  5. christiane jeannot dit :

    oui il y a tellement de jolis coins en France pourquoi aller si loin …. perso, je passe mes vacances chez moi ou plutôt dans mon joli jardin fleuri ! et le soir je bois ma tisane pour dormir … amicalement, Christiane

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