Je ne mets plus de crème solaire
Chère lectrice, cher lecteur,
Il aura fallu être patient cette année, mais ça y est : le soleil est enfin là  !
Nous pouvons enfin profiter des déjeuners en terrasse, pique-niques dans les parcs et sorties à la plage (pour ma part, j’ai hâte d’aller me balader en montagne avec mes enfants).
Comme tous les étés, les magazines bien-être s’efforcent alors de nous rappeler l’importance de mettre de la crème solaire avant de profiter du soleil.
Je vais peut-être vous surprendre, mais de mon côté, cela fait plusieurs années que j’ai arrêté d’en utiliser (sauf rares exceptions).
Car oui, même si on en parle peu, ces crèmes peuvent poser de sérieux problèmes lorsqu’elles sont utilisées régulièrement.
L’une des dernières études en date, parue en 2019 dans la prestigieuse revue Journal of the American Medical Association (JAMA)1, ne laisse pas la place au doute.
Ce qui se passe VRAIMENT quand vous tartinez votre peau de crème solaire
L’étude a été menée par une équipe de la Food and Drug Administration (FDA), l’organisme officiel aux États-Unis pour l’autorisation des médicaments à la vente.
Cette agence est aux Américains ce qu’est l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire) en France.
Autant vous dire qu’une agence comme celle-ci doit avoir de sérieux arguments pour remettre en cause un produit.
Les scientifiques ont demandé à des volontaires de mettre chaque jour un écran solaire disponible dans le commerce, comme n’importe qui le ferait avant d’aller prendre le soleil.
Après seulement quatre jours, les niveaux de quatre produits chimiques potentiellement dangereux (dont l’oxybenzone, suspecté d’être un perturbateur endocrinien) ont explosé à l’intérieur de l’organisme.
Les taux mesurés ont dépassé toutes les attentes des chercheurs.
Dans leurs conclusions, les auteurs de l’étude admettent avoir trouvé des « concentrations plasmatiques dépassant le seuil fixé par la FDA pour potentiellement renoncer à certaines études de toxicologie non cliniques sur les écrans solaires. »
Pour le dire de façon simple, avec de telles concentrations, des tests de sécurité plus complets devraient être effectués avant de continuer à autoriser ces crèmes.
En 2021, d’autres travaux menés par le CNRS ont montré que l’octocrylène, autre molécule présente dans de nombreuses crèmes solaires vendues France, se transformait avec le temps en benzophénones, considérés comme potentiellement cancérigènes pour l’homme par l’OMS.
Les concentrations pourraient même dépasser les 200 % d’augmentation 6 semaine après l’ouverture du tube.
Et c’est sans compter les nombreux conservateurs et autres additifs présents dans votre tube, et dont les effets sur la santé ne sont pas toujours clairs.
Le pire, c’est que ces inquiétudes ne sont pas nouvelles… Des scientifiques s’interrogeaient déjà sur les risques potentiels des crèmes solaires il y a plus de 20 ans !
Moins de coups de soleil… mais plus de mélanomes ?
Le but d’une crème solaire est de vous éviter d’avoir des coups de soleil.
Et pour cela, il faut avouer qu’elles sont plutôt efficaces.
Le problème, c’est que le coup de soleil n’est peut-être pas le pire qui puisse vous arriver.
Lors du congrès de l’Association américaine pour l’avancement de la science (AAAS) de 1998, le Dr Marianne Berwick du Memorial Sloan-Kettering cancer center4, a pour la première fois apporté des preuves solides que les crèmes solaires de l’époque ne protègeraient pas du mélanome… et qu’elles pourraient même contribuer à son apparition.
Deux raisons peuvent expliquer de tels résultats :
La première, c’est que les crèmes solaires absorbent l’énergie solaire pour protéger la peau. Or cette énergie ne peut être détruite. Une partie serait alors restituée sous la forme de radicaux libres, des molécules qui peuvent endommager l’ADN des cellules de notre peau.
L’autre raison, c’est que ces crèmes solaires bloquent également la synthèse de la mélanine et la vitamine D qui protègeraient toutes deux des trois cancers de la peau (j’y reviens plus bas).
Utilité des crèmes solaires pour prévenir le cancer ? Pas de consensus…
Par la suite, d’autres éminents scientifiques ont abondé dans le sens du Dr Berwick.
En 2003, une méta-analyse portant sur 18 études, menée par une équipe de l’Université de l’Iowa (USA)5, n’a pas trouvé de lien entre l’utilisation de crème solaire et la réduction du risque de mélanome.
La même année, une publication néerlandaise a aussi trouvé des résultats surprenants et contradictoires sur le lien entre l’exposition au soleil et les cancers6 : selon les auteurs, le soleil pourrait bien augmenter les risques de certains cancers de la peau, mais aurait à l’inverse un effet protecteur sur les mélanomes.
Le soleil est-il vraiment coupable ?
Les premières études à s’interroger sur le lien entre soleil et cancer datent du début des années 1990, lorsque des recherches menées sur le personnel de la Marine7, à San Diego, ont montré que, contre toute attente :
-
Les employés de bureau, moins exposés au soleil, avaient plus de mélanomes que ceux qui passaient leur temps à l’extérieur.
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Les mélanomes se développaient le plus souvent sur des parties non exposées (tronc) plutôt que sur les bras ou la tête.
Pour le Dr Ralph Moss, confĂ©rencier reconnu dans le domaine du traitement du cancer, « ces donnĂ©es confirment que les causes exactes du mĂ©lanome sont encore loin d’ĂŞtre identifiĂ©es, que le soleil ne serait pas le grand coupable et qu’il serait dommage de se priver de ses effets protecteurs contre plusieurs autres cancers8. »
Ne vous privez pas de vitamine D
Au centre de ce débat, il y a la vitamine D.
En dehors des compléments alimentaires, il n’y a qu’une seule façon de produire naturellement de la vitamine D en été : l’exposition au soleil.
C’est à partir des fameux rayons UV, et plus exactement des rayons UVB, que notre peau synthétise la vitamine D.
Or, les crèmes solaires bloquent justement ces rayons UVB !
Autrement dit : avec une crème solaire vous risquez de développer votre bronzage… mais aussi un déficit en vitamine D au seul moment de l’année où votre peau peut en produire !
Inutile de rappeler l’importance de la vitamine D pour notre santé : elle joue un rôle vital sur de nombreux mécanismes essentiels de notre organisme (santé des os et des muscles, immunité, prévention de pathologies : certains cancers, diabète, maladies auto-immunes, inflammatoires, cardiovasculaires…)9.
Fin 2022, une étude finlandaise menée sur près de 500 patients et parue dans la revue Melanoma Research10 a même trouvé que les personnes qui prenaient une supplémentation régulière en vitamine D avaient deux fois moins de risques de développer un mélanome11.
Le Dr William Grant, spĂ©cialiste des recherches sur les rayonnements UV, estime quant Ă lui qu’une exposition adĂ©quate au soleil permettrait pourrait alors prĂ©venir des milliers de dĂ©cès attribuables au cancer rien qu’aux États-Unis12.
Depuis 2008, les preuves s’accumulent également pour montrer qu’une telle exposition est associée à de moindres risques de mourir de certains cancers (sein, prostate, ovaires, lymphomes…)13.
Filtre minéral ou chimique ? Comment choisir la « moins pire » des crèmes solaires
La plupart des crèmes solaires du commerce sont des filtres UV dits « chimiques » : ils pénètrent dans la peau pour absorber les rayons UV.
Mais il existe aussi un autre type de crème : les filtres minéraux.
Ce sont ces fameuses crèmes qui sont généralement difficiles à étaler et qui vous laissent le visage tout blanc.
Celles-ci, composées généralement d’oxyde de zinc ou de dioxyde de titane, restent à la surface de la peau et agissent comme un miroir. Ils réfléchissent les rayonnements du soleil pour éviter qu’ils n’entrent dans la peau.
Il y a peu d’études sur les risques réels de ces crèmes minérales. Mais elles sont généralement considérées comme moins problématiques que les filtres chimiques, car moins absorbées par la peau.
Mais attention aux nanoparticules !
De plus en plus de marques proposent des filtres minéraux à base de nanoparticules, plus faciles à étaler et qui laissent moins de traces blanches sur la peau.
Or les effets de ces nanoparticules sont encore mal connus : elles sont suspectées de traverser l’épiderme et d’atteindre nos tissus et organes. ElIes pourraient ainsi augmenter la production de radicaux libres et provoquer des mutations au niveau de l’ADN14.
Lisez donc bien l’étiquette de votre tube (la mention « nano » est obligatoire) et optez de préférence pour une crème sans nanoparticules.
Celles-ci sont de plus en plus difficiles Ă trouver.
Voici trois produits qui, à l’heure où je vous écris, semblent être sans nanoparticules et avec des ingrédients plutôt corrects : le spray solaire Patyka (SPF 50), l’écran solaire Naturado (SPF 50) et le spray solaire Praia (SPF 50).
Vérifiez tout de même sur l’étiquette avant de vous procurer, car de plus en plus de marques changent leur formulation et optent pour les nanoparticules.
Rappelons aussi que d’une part, les filtres minéraux, tout comme les filtres chimiques, contiennent de nombreux additifs et d’autre part, qu’ils bloquent tous la synthèse de la vitamine D.
C’est pourquoi il vaut mieux les garder uniquement lorsque cela est vraiment nécessaire.
Profitez du soleil sans vous mettre en danger
La protection la plus sĂ»re contre le soleil, c’est l’ombre.
La seconde protection c’est un pantalon, un chapeau et une chemise.
Pour faire le plein de vitamine D, profitez du soleil entre 11 heures et 14 heures. C’est à ce moment que vous synthétisez le plus de vitamine D.
Bien sûr je vous déconseille de passer 2 ou 3 heures en plein soleil sans vous protéger.
Restez 15 à 20 minutes sous le soleil, c’est largement suffisant pour faire le plein de vitamine D. Puis mettez-vous à l’ombre avant d’avoir un coup de soleil.
Aujourd’hui, même l’ANSES conseille de rester 20 minutes par jour au soleil.
Quant à votre crème solaire, ne la jetez pas. Elle vous sera toujours utile dans les rares moments où vous êtes obligés de rester plusieurs heures au soleil15.
Je ne suis pas un adepte de la plage et encore moins des journées à se dorer la pilule sans rien faire…
Mais s’il m’arrive de sortir en famille au bord du lac, et que mes enfants passent tout l’après-midi en maillot de bain, j’emporterai tout de même un tube de crème solaire dans mon sac.
L’important est de ne pas en abuser.
Amicalement,
Florent Cavaler
P.S. Je ne l’ai pas abordé dans cet article, mais la crème solaire a aussi un impact catastrophique sur l’environnement.
En 2008, une étude avait déjà démontré que les crèmes solaires contribuaient à la destruction des récifs coralliens16.
Par la suite, d’autres travaux ont confirmĂ© ces premiers rĂ©sultats17. Selon les chercheurs, un quart des ingrĂ©dients prĂ©sents dans une crème se libĂ©reraient dans l’eau après 20 minutes de baignade.
Sur le banc des accusés, on trouve notamment l’oxybenzone (encore lui) et l’octinoxate.
Mais pas seulement.
En effet, les filtres minéraux à base de nanoparticules nuiraient également aux écosystèmes aquatiques18. Et même les crèmes solaires bio seraient problématiques. Selon une enquête, celles-ci ne seraient pas moins nocives pour l’environnement que les crèmes conventionnelles, malgré les mentions « non nocives pour les océans » sur leurs tubes19.
Bjr
Merci infiniment pour votre message et information de qualité et fort utile
Merci infiniment pour toutes ces informations précieuses! Bonne continuation et bravo
pensez-vous qu’on peut utiliser le gel de calamine (Ă base d’oxyde de zinc comme crème solaire?
merci,
Merci beaucoup pour toutes ces informations, elles m’ont ouvert les yeux car je n’avais aucune idée de cette réalité, sauf pour la pollution de l’eau par nos crèmes,
Je prends de la D3 toute l’année car je suis âgée
Belle journée Odile
đź‘Ť ok
Yo tampoco me pongo protector solar, aunque trato de no exponerme en exceso. « En la piel no pongas nada que no puedas comer… »
Un saludo y gracias
je suis d’accord avec vous sur le fait de ne pas mettre crème solaire et de se mettre au soleil plutĂ´t le matin ; quelquefois on a pas le choix ; je mets un chapeau de soleil Ă cause de la rĂ©verbĂ©ration et Ă cause de mes yeux assez fragile.Nous prenons de la vitamine D rĂ©gulièrement mon mari et moi et n’avons pas attrapĂ© de coups de soleil. je n’aime pas beaucoup la mer plutĂ´t la montagne mais hĂ©las j’y suis loin. bravo pour vos conseils que je lis avec attention
Le soleil est indispensable Ă la vie. Ce qui est dangereux ce sont les blanquets qui veulent ĂŞtre noirs en quelques jours!
Il faut y aller progressivement, d’un quart d’heure Ă plusieurs heures et choisir non les heures les plus chaudes qui chauffent plus qu’elles ne bronzent. Ce sont les UV qui font bronzer et ils sont au max avant 10h et après 16 h.
MP
Bonjour j’ai vĂ©cu en PolynĂ©sie.durant un an. Les polynĂ©siennes s’enduisent la peau et les cheveux d’huile de coco pour Ă©viter le dessèchement. Il faut bien la faire pĂ©nĂ©trer dans la peau pour Ă©viter l’effet miroir gĂ©nĂ©rateur de mĂ©chants coups de soleil ! Que pensez-vous de cette mĂ©thode ? Merci de votre rĂ©ponse. Cordialement
Mais pour les tâches brunes on mets quoi pour Ă©viter et le vieillissement de la peau ? je ne m’expose mais je fais du vĂ©lo et la marche
Très intéressant merci. Que pensez vous de la marque laboratoire de biarritz ? Merci 🙏
Bonjour Elodie,
Je ne connais pas suffisamment cette marque pour vous rĂ©pondre. Mais de ce que j’ai pu voir sur son site, ce laboratoire propose des crèmes solaires minĂ©rales Ă base de nanoparticules.
Amicalement,
Florent
C’est une très bonne question et une rĂ©ponse m’intĂ©resserait.
Merci d’avance
Merci beaucoup pour ce que vous m’avez appris
Je n’aime pas me tartiner de crème solaire, et je vais adopter l’ombre, le chapeau et le pantalon.