Diabète : cette étude va vous réconcilier avec le fromage

Chère lectrice, cher lecteur,

Le régime méditerranéen, c’est le grand dada des nutritionnistes.

Ils sont les premiers à vous recommander les fruits, les légumes, les noix et l’huile d’olive.

En revanche, ils se montrent beaucoup plus prudents avec le fromage.

Pourtant, le fromage (notamment celui de chèvre et de brebis) a lui aussi une place importante dans la diète méditerranéenne.

Que ce soit en Crête, en Grèce ou dans le sud de l’Italie, le fromage est même une institution. Pas question de s’en priver !

Voulez-vous payer en euros ou en fromage ?

Au Moyen-Âge, sur les bords de la Méditerranée, le fromage valait de l’or : il était utilisé comme monnaie d’échange, de la même façon que nos euros aujourd’hui[1].

Autant dire qu’il avait bonne réputation.

Mais voilà, aujourd’hui, le fromage divise.

On dit de lui que c’est un « aliment plaisir » et qu’il vaut mieux limiter sa consommation autant que possible.

Et d’un autre côté, on vante l’excellente santé des populations méditerranéennes qui en mangent régulièrement.

En fait, la réalité est plus complexe. Et vous allez voir que vous ne devez pas forcément vous priver de fromage.

De quoi l’accuse-t-on, au juste ?

Le fromage figure parmi les aliments les plus acidifiants. Leur indice PRAL, qui permet de mesurer l’acidité d’un aliment, est très élevé. Il est de 13 pour le camembert, 20 pour le cheddar, et grimpe même jusqu’à 27.8 avec le parmesan[2].

C’est pire que la viande de bœuf (11.3) et la farine blanche (9.1).

À titre de comparaison, l’indice PRAL de la banane est de -6.9 et celui les épinards de -10,3 (un indice négatif signifie que l’aliment est alcalinisant).

Conséquences : une consommation excessive de fromage acidifie l’organisme. Or si la situation persiste, cette acidose peut devenir chronique, avec des conséquences néfastes pour l’organisme :

  • Lourdeurs intestinales, flatulences, ballonnements, ulcères
  • Insuffisance rĂ©nale, risque de calculs et d’infections urinaires.
  • Hypertension artĂ©rielle et artĂ©riosclĂ©rose
  • DĂ©minĂ©ralisation et ostĂ©oporose.
  • Fatigue chronique
  • Prise de poids[3]

Le fromage contient aussi du lactose, qui peut provoquer des intolérances et des troubles digestifs, et de la caséine, une protéine pouvant perturber la flore intestinale et augmenter l’inflammation.

Si vous lisez PureSanté depuis plusieurs mois, vous savez aussi que le fromage et les produits laitiers ne sont pas bons pour les os.

Même l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) l’a reconnu : une consommation importante augmente les risques d’ostéoporose ainsi que d’hypertension artérielle et de cataracte[4].

Alors, à la poubelle le fromage ?

Eh bien non, avant d’être aussi catégorique, lisez plutôt les résultats de cette nouvelle étude scientifique.

Diabète : surprenante découverte sur le fromage

Manger du fromage pourrait vous protéger… contre le diabète.

C’est ce que des chercheurs ont trouvé en analysant les données de 63 682 personnes, dans une vaste méta-analyse regroupant 16 cohortes d’études internationales[5].

Parmi les donnĂ©es collectĂ©es, ils ont mesurĂ© le taux d’acide margarique, pentadĂ©cylique et palmitolĂ©ique dans le sang.

La présence de ces trois acides gras saturés permet de mesurer directement la quantité de produits laitiers entiers riches en matières grasses consommés par les participants.

Les scientifiques ont alors observé les données des volontaires sur presque 20 ans…

Durant ces deux décennies, 24 % des participants ont développé un diabète de type 2.

Mais voici ce que l’étude a révélé :

Aussi bien chez les hommes que chez les femmes, les sujets dont le taux de ces trois acides gras saturĂ©s Ă©tait le plus Ă©levĂ© au dĂ©but de l’Ă©tude avaient un risque de diabète de type 2 de 35 % infĂ©rieur Ă  celui des participants ayant les taux les plus bas.

Autrement dit, ceux qui mangeaient le plus d’aliments riches en matières grasses laitières avaient moins de risque de développer un diabète de type 2.

Le cardiologue amĂ©ricain Dariush Mozaffarian, auteur principal de l’Ă©tude, a ainsi dĂ©claré :

« (…) les principes directeurs aux États-Unis et Ă  l’international prĂ´nent gĂ©nĂ©ralement une consommation de produits laitiers Ă  faible teneur en matières grasses ou non gras en raison des prĂ©occupations sur les effets nĂ©fastes liĂ©s Ă  une augmentation en calories ou en graisse saturĂ©e…

La mesure des marqueurs biologiques des acides gras consommés met en avant la nécessité de réexaminer les avantages potentiels métaboliques de la matière grasse laitière ou des aliments riches en matière grasse laitière, comme le fromage[6]. »

En réponse aux dogmatiques de la santé

On a trop souvent tendance à avoir une vision dichotomique de l’alimentation :

Les bons aliments VS les mauvais aliments.

Mais cette vision, beaucoup trop simpliste, ne reflète pas du tout la réalité.

Comme les êtres humains, les aliments possèdent une « personnalité » complexe. Ils ne sont pas « tout bons » ou « tout mauvais ». Ils ont leurs qualités et leurs défauts.

Dans un gruyère, un ananas ou un grain de riz, il y a des centaines de substances qui agissent sur notre organisme de façon très spécifique.

Il est impossible de comprendre tout ce qui se passe dans notre corps quand nous mordons dans une tomate ou un morceau de pain.

Et le fromage n’échappe pas à la règle. Oui, en excès, il acidifie l’organisme. Oui, il ne permet sans doute pas de renforcer vos os.

Mais nous avons aussi vu que les matières grasses qu’il contient peuvent être liées à un plus bas risque de diabète.

Alors j’espère que vous culpabiliserez moins, la prochaine fois que vous craquerez pour un fromage de brebis frais, avec une peu d’huile d’olive et des fines herbes.

Pour ma part, quand on me le propose, je refuse rarement un bon morceau de fromage (sans excès bien sûr…).

Amicalement,

Florent Cavaler





[1] http://lecolebuissonniere.eu/page118.html

[2] https://www.lanutrition.fr/bien-dans-son-assiette/le-potentiel-sante-des-aliments/aliments-acidifiants-et-basifiants/acidifiants-ou-alcalinisants-lindice-pral-de-80-aliments

[3] https://www.thierrysouccar.com/sante/info/acidose-chronique-qui-est-concerne-et-quels-effets-sur-la-sante-2038

[4] Le lait et les produits laitiers dans la nutrition humaine. Collection FAO: Alimentation et nutrition n° 28, 1998

[5] D Mozaffarian, F Imamura and al., Fatty acid biomarkers of dairy fat consumption and incidence of type 2 diabetes: A pooled analysis of prospective cohort studies, PLoS Medicine 15(10):e1002670 · October 2018.

[6] Traduit de l’anglais. Citation originale sur : https://www.eurekalert.org/pub_releases/2018-10/mrc-mod101018.php

23 rĂ©ponses Ă  “Diabète : cette Ă©tude va vous rĂ©concilier avec le fromage”

  1. Bigler Gilbert dit :

    Mon mĂ©decin me dit que le fromage est un problème mineur pour le diabète….mais que, par contre, il est un danger majeur pour mes artères en y dĂ©posant le cholestĂ©rol formant les plaques d’atherome dont sont victimes mes artères. Aujourd’hui je prends avec rĂ©ticence des statines dans le but d’Ă©chapper Ă  un avc ou un infarctus.
    Il serait intĂ©ressant d’avoir une Ă©tude sur les gros consommateurs de fromage gras comme les suisses avec leur tradition « raclette-fondue ».

  2. Plée Dominique dit :

    Petite prĂ©cision: il n’y a plus de lactose dans le fromage car ce sucre reste dans le petit lait, donc pas l’intolĂ©rance qu’on peut avoir avec le lait

  3. NOUVEL dit :

    Dans le tĂ©moignage de Catherine, sous quelle forme sont envoyĂ©s les enregistrements (car je n’ai pas de lecteur CD) ?
    Merci pour l’article sur le fromage ! Je me permets d’en manger 3 fois/semaine avec une telle culpabilitĂ© ! Cependant, j’ai du mal Ă  penser que cette nouvelle Ă©tude puisse balayer d’un coup toutes les Ă©tudes extrĂŞmement sĂ©rieuses que nos lisons depuis qq annĂ©es et qui nous mettent en garde contre le fromage. Du coup, OK pour le chèvre et le brebis mais trop peur du lait de vache !

  4. Céline Thunus dit :

    Enfin un discours qui rend compte de la complexité du corps et de son interaction avec les aliments ! Merci d’avoir suffisamment de considération pour vos lecteurs pour partager avec eux cette réalité.

  5. Danielle MERCURE dit :

    C’est un article très intĂ©ressant pour une hypoglycĂ©mique rĂ©actionnelle. Merci!

  6. Oumar Sall dit :

    merci pour le partage

  7. J pierre Delater dit :

    Merci , et bravo , tres content de recevoir gratuitement des informations tres interessantes ,, cordialement

  8. Kenouz dit :

    Dans le fond, je n’ai rien Ă  redire sur vos publications dans la mesure oĂą cela Ă©claire pas mal de zones d’ombres que nous ignorons sur notre santĂ©.
    Persévérez ! Grand bien vous fasse;
    Une question de forme toutefois car votre article semble ignorer que la méditerranée comporte deux rives celle du Nord et celle du Sud où les habitudes alimentaires sont pratiquement identiques.

  9. Guy-Marcel Mutombu dit :

    Bonjour
    Je suis content de cet article qui m’a personnellement donnĂ© certains Ă©claircissements sur le fromage que j’adore d’autant plus que je suis DiabĂ©tique de type2 cherchant comment Ă  stabiliser ma glycĂ©mie.
    Grandement Reconnaissant
    Guy-Marcel

  10. Tiemele dit :

    Vous ĂŞtes formidable
    Continuer
    FÉLICITATION

  11. Prochasson dit :

    merci, tout ce qui combat l’hypertension et le diabète m’intĂ©resse bougrement

  12. Diaz dit :

    Bonjour
    Votre message m a reconforte alors merci!
    Ici,ou je vis en Espagne donc, il n existe que du pur brebis ou du pur chevre donc cela m a Ă©tonnĂ© d apprendre que je pouvais en profiter ….plus…ENCORE MERCI Jeannine Diaz

  13. PASCAL ADAM dit :

    Merci beaucoup pour vos explications. Cela prouve encore une fois que beaucoup d’aliments venant d’animaux ou plantes, Ă©levĂ©s ou cultivĂ©s naturellement sont très bons pour la santĂ©, Ă  conditions de ne pas en abuser. 🙂

  14. malezieux dit :

    C’Ă©tait très clair

  15. dany dit :

    Je suis allergique au lactose, mais j’aime le fromage ! Je consomme donc du fromage de brebis et de chèvre et je tolère mĂŞme le ContĂ©. Je dirais qu’il faut oublier très vite le nom de ces multinationales agroalimentaires et aller voir nos producteurs locaux pour manger de vrais produits et tout ira bien !

  16. Isabelle dit :

    Oui ont entend plein de choses, malgre les etudes, je ne saut qui croire, en tout cas en bonne savoyarde, je continuerais de manger du fromage! A bonne entendeur salut!

  17. Laurent G. dit :

    Bonjour,
    J’ai essayĂ© de poster mon message mais ça n’a pas marchĂ©, je tente Ă  nouveau ma chance. Cette Ă©tude me laisse aussi très perplexe. C est un sujet pour lequel je suis familier pour des raisons personnelles mais aussi car je vois des diabetiques Ă  mon cabinet (type 1 et type 2) depuis 15 ans. Les rĂ©sultats de cette Ă©tude m’ont surpris et après recherche je vois qu’il y a des conflits d intĂ©rĂŞts dans cette Ă©tude. Par exemple avec la participation d’ Unilever (1er fabriquant de glace au monde avec Ben & Jerry’s, Miko, Magnum et Carte d’Or), Novartis (fabricant d’insuline) et Global and Dutch Dairy Associations. Pour ceux ou celles qui ne comprennent pas l’anglais, le mot « Dairy » signifie « produits laitiers », ce sont donc des associations des produits laitiers… De plus l universitĂ© d’Harvard liste le Dr. Mozaffarian comme co-inventeur des brevets de fabrication numĂ©ro US8889739 et US9987243 pour l’utilisation de l’acide trans-palmitoleique pour la prĂ©sentation et le traitement de la rĂ©sistance Ă  l’insuline. Je vois bien maintenant ce monsieur Mozaffarian essayer de nous vendre sont acide trans-palmitoleique en expliquant que son produit est plus intĂ©ressant que de manger des laitages car il en a extrait la molĂ©cule…business is business. En regardant de loin on a vraiment l’impression que tout le monde y gagne et que c’est une rĂ©union d’amis : les industriels avec Unilever qui va augmenter ses ventes de glaces et les associations de produits laitiers, Novartis avec l’insuline (car plusieurs Ă©tudes ont montrĂ© que les laitages avaient un effet dangereux sur l’insuline) et monsieur Mozaffarian qui va surfer sur cette news en vendant son produit.
    En 1986 une Ă©tude montre l’inverse. Mary Gannon de l’UniversitĂ© du Minnesota s’aperçoit que la rĂ©ponse de l’insuline lorsqu’un diabĂ©tique mange des produits laitiers est très mauvaise bien que les laitages sont rĂ©putĂ©s avoir un index glycĂ©mique faible. RĂ©fĂ©rences : Gannon MC. The serum insulin and plasma glucose responses to milk and fruit products in type 2 diabetic patients. Diabetologia. 1986 Nov;29(11):784-91
    Autre Ă©tude d’Helena Liljeberg-Elmstahl qui dit que mĂŞme une quantitĂ© ordinaire de lait fait monter le niveau d’insuline d’un repas Ă  index glycĂ©mique bas au niveau observĂ© après un repas Ă  base de pain blanc. RĂ©fĂ©rence : Liljeberg EH. Milk as a supplement to mixed meals may elevate postprandial insulinemia. Eur J Clin Nutr 2001,55(11):994-999
    Chacun en dĂ©duira ce qu’il veut.

    Cordialement,
    Laurent G.
    http://www.monaturelsante.com

  18. Sandra dit :

    Moi depuis que j’ai vu les images de pis infectĂ©s et de pue dans le lait Ă  cause de la traite intensive… j’ai plus du tout envie de produits laitiers! Sauf Ă©ventuellement bio s’ils sont issus de petits Ă©levages.

  19. Porrot Christian dit :

    Bonjour, comment puis je bénéficier de vos cadeaux étant déjà inscrit à pure santé

  20. Christiane Pogany dit :

    Merci pour cet article qui « remet l’Ă©glise au centre du village » en ce qui concerne le fromage, aliment difficilement Ă©vitable dans notre pays.
    De plus, j’apprĂ©cie votre bon sens. Tout est dans la mesure !

  21. clappaz dit :

    Bonjour, on dit plein de chose sur le fromage et la vous vous dite qu’ il ny a pas de problème, a la longue il faudrait savoir, car on ne c est plus qui croire merci quand mĂŞme car j adore le fromage comme tout les produit laitiers (vous connaissiez la pub !!).

  22. Plée Dominique dit :

    Bonjour
    Je trouve ces conclusions extrĂŞmement peu scientifiques. En effet, est-ce que n’importe quel corps gras n’aurait pas eu le mĂŞme effet ? Si la consommation de corps gras augmente relativement, celle de sucre diminue, donc moins de risque de diabète
    Salutations
    Dominique Plée

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