Coton-tige, le petit plaisir qui peut coûter très cher

L’adjudant C., un sous-officier des Troupes de Marine qui a supervisé mes « classes », lors de mon service militaire, adorait les cotons-tiges.

Mais pas vraiment pour se triturer l’oreille avec l’air content…

Il trouvait que rien n’était plus efficace qu’un coton-tige pour nettoyer un fusil-mitrailleur dans les coins, les recoins, les sous-recoins etc. « Avec ça, votre Famas, disait-il, il va bri-ller nickel ».

Pour le reste, en revanche, il conseillait de « mettre ces trucs à la poubelle ». Et en tout cas « pas dans les oreilles, vous allez devenir sourds… Et quand on est adjudant, on aime bien se faire entendre… »

Bon, vous voyez l’ambiance. Maintenant, sur le fond, il faut bien reconnaître qu’il avait parfaitement raison, l’adjudant. On peut se servir d’un coton-tige pour astiquer un fusil, pour polir l’argenterie, huiler une pièce de métal ou faire une Tour Eiffel miniature, mais surtout pas pour se nettoyer les oreilles.

Car s’il est vrai que se gratter l’oreille, c’est du quatre étoiles en sensations (l’oreille est une zone « érogène »), c’est aussi complètement inutile, et pire, dangereux.

Station de lavage automatique

Vous l’avez remarqué comme moi : il ne sert à rien de vouloir se mettre le doigt dans le fond de l’oreille, ça ne passe pas ! Le conduit auditif est quasiment inaccessible, et ce n’est pas un hasard :

C’est que nos oreilles se nettoient toutes seules !

Le cérumen (cire de l’oreille) s’évacue naturellement, il se déplace grâce aux mouvements de votre mâchoire : quand vous parlez, quand vous mâchez, quand vous baillez etc.

Une fois qu’il atteint votre oreille externe, il va peu Ă  peu disparaĂ®tre et partira totalement lorsque vous plongerez votre tĂŞte sous la douche ou dans le bain.

Pas besoin donc de coton-tige, et en réalité pas besoin non plus de se nettoyer les oreilles régulièrement. Le travail se fait très bien tout seul, quand il le faut.

Le risque majeur : devenir sourd

D’autant que ces gestes-là peuvent s’avérer nuisibles. La peau du conduit auditif est très fine et fragile, tout comme les osselets, ces petits os situés à l’intérieur de votre oreille et qui vous permettent d’entendre correctement.

Si les osselets sont endommagĂ©s, cela peut entraĂ®ner une fuite du liquide de l’oreille interne qui peut se traduire par des vertiges graves. Potentiellement, cela pourrait dĂ©boucher sur une perte d’audition permanente.

Les oreilles aiment le cérumen

Le cérumen est composé principalement de cellules mortes de la peau. Il contient également du lysozyme, une enzyme antibactérienne, des acides gras, du cholestérol…

S’il est lĂ , c’est que vos oreilles en ont besoin : il permet notamment de protĂ©ger l’oreille contre les infections bactĂ©riennes et de la lubrifier (et d’éviter ainsi l’assèchement et la dĂ©mangeaison de la peau Ă  l’intĂ©rieur du canal).

Un autre risque de l’utilisation des cotons-tiges est qu’ils peuvent pousser le cĂ©rumen dans la partie profonde de votre conduit auditif, Ă  proximitĂ© du tympan.

Quand c’est le cas, le cĂ©rumen peut apporter avec lui, de l’oreille externe vers l’oreille interne, des champignons, des bactĂ©ries et des virus, ce qui augmente le risque d’infection. Il peut Ă©galement bloquer votre canal auditif, ce qui peut conduire Ă  une perte auditive ou mĂŞme provoquer une rupture du tympan. La visite chez le spĂ©cialiste (ORL) devient alors indispensable.

Tout ce qui est naturel n’est pas bon

Vous avez peut-ĂŞtre dĂ©jĂ  vu des publicitĂ©s pour une solution « naturelle » de nettoyage des oreilles, prĂ©sentĂ©e comme une « ancienne mĂ©thode thĂ©rapeutique des premiers habitants d’AmĂ©rique du Nord et d’AmĂ©rique Centrale » : la bougie d’oreille (Ă©galement appelĂ©e bougie Hopi ou bougie auriculaire) [1].

Le principe ? Il s’agit d’un tube de tissu recouvert de cire d’abeille qui se place dans le conduit auditif le temps d’une combustion complète.

Selon les personnes qui les vendent, cela crĂ©erait une petite aspiration d’air qui permettrait de ramollir et d’aspirer le cĂ©rumen qui se trouve dans le conduit auditif.

Bon, ok c’est naturel, ok c’est vendeur (la bougie de l’Inca, celle des vieux indiens etc.) mais le problème est qu’il n’existe absolument aucune preuve scientifique de l’efficacitĂ© de ces bougies (et notamment du fait que la combustion crĂ©e la moindre aspiration) alors qu’il existe en revanche de nombreuses preuves de leur dangerosité : eczĂ©ma de contact Ă  l’entrĂ©e du conduit auditif externe, brĂ»lures du pavillon ou du conduit auditif externe, occlusion partielle ou totale du conduit par accumulation de cire provenant de la bougie et mĂŞme perforation du tympan [2].

Bref, passez votre chemin.

Quant aux vertus spirituelles qu’on veut leur associer (rééquilibrage énergétique, régulation de la pression etc.), on obtiendra les mêmes en s’asseyant pour méditer ou prier avec une délicate odeur d’huile essentielle de lavande en diffusion aérienne.

Accessoirement, vous aurez moins de risques de prendre feu…

Lorsque l’oreille est bouchée

Mais que faire alors, lorsque le cérumen s’accumule au point de former un bouchon dans l’oreille ?

Si votre tympan est perforĂ©, l’enlèvement manuel par un mĂ©decin est recommandĂ©, mais dans la plupart des autres cas, vous pouvez Ă©liminer ces bouchons vous-mĂŞme.

La façon la plus simple est d’abord de ramollir la cire en plaçant quelques gouttes d’huile d’olive, d’huile de noix de coco ou de l’eau chaude dans votre oreille. Ensuite, versez un bouchon de peroxyde d’hydrogène (eau oxygĂ©nĂ©e) Ă  3 % dans chaque oreille.

Vous entendrez un certain bouillonnement (pas de panique, c’est normal) et ressentirez peut-ĂŞtre une lĂ©gère sensation de brĂ»lure. Attendez que le bouillonnement et le picotement disparaissent (habituellement de 5 Ă  10 minutes), puis Ă©gouttez sur un tissu et rĂ©pĂ©tez avec l’autre oreille.

Enfin, l’accumulation de l’excès frĂ©quent de cĂ©rumen peut ĂŞtre liĂ©e Ă  une carence en omĂ©ga-3.

Les meilleures sources alimentaires d’omĂ©ga-3 sont notamment les sardines, les anchois et le saumon sauvage d’Alaska. Vous pouvez Ă©galement les trouver en complĂ©ments, comme dans l’huile de krill (petite crevette) ou dans des formules spĂ©ciales :

OM3 9 mois (isodisnatura) : 01 56 62 41 92 – www.isodisnatura.fr
Oméga-3 végétal (Finndal) : 08 05 11 19 43 – www.flinndal.fr
Formule Oméga-3 (EPA+DHA+ALA) des laboratoires Cellinov www.cellinnov.com

Amicalement,

Florent Cavaler





5 rĂ©ponses Ă  “Coton-tige, le petit plaisir qui peut coĂ»ter très cher”

  1. Trouillet dit :

    Pour valider une commande il n’y a pas le pays France dans le dĂ©roulant pour tarifier les frais d’envoi

  2. lepaul dit :

    Bonjour, mais que faire justement quand ces oreilles occasionnent ces insupportables dĂ©mangeaisons? Merci d’avance pour votre rĂ©ponse. AnneL

  3. Marie--Jeanne Bricard dit :

    Bonjour , je suis thĂ©rapeute et j’utilise les bougies Hopi depuis des dizaines d’annĂ©es .. Je n’ai eu que de bons rĂ©sultats et pas de problèmes . La bougie aspire ce qu’il y a dans le conduit dont le bouchon de serumen s’il y a , vous pouvez le constater en ouvrant la bougie après utilisation.. Vous ne parlez pas de la publicitĂ© insupportable Ă  la tĂ©lĂ© pour audispray et pire audispray junior …………….

  4. delporte michèle dit :

    Bonjour,

    Je viens de lire votre article sur les bougies Hopi..DĂ©solĂ©e mais les ayant testĂ©es moi-mĂŞme je peux vous assurer qu’elles sont efficaces. Quant Ă  la preuve scientifique qui n’existe pas, et bien, soit vous dites n’importe quoi, soit les soi-disant experts ont besoin de retourner Ă  l’Ă©cole. Il suffit simplement d’ouvrir l’extrĂ©mitĂ© avec des ciseaux après utilisation et vous pourrez alors constater qu’il y a bien du cĂ©rumen. Pour Ă©viter les brĂ»lures du pavillon, il suffit simplement d’ĂŞtre Ă  cĂ´tĂ© de la personne,, surveiller la combustion et retirer la bougie Ă  environ 5 cm de l’oreille. Se munir Ă©galement d’un verre d’eau afin d’ Ă©teindre la bougie dedans lorsqu’on la retire. Par contre il vaut mieux effectivement ne pas le faire seul, ce qui peut s’avĂ©rer très dangereux. Merci d’avoir pris la peine de me lire.

  5. Orvoën dit :

    J »ai, depuis des annĂ©es, de l’eczĂ©ma dans les oreilles, et si je n’ai pas tout de suite quand cela commence Ă  dĂ©manger, un coton-tiges, çà devient insupportable. Si bien que j’en ai, des coton-tiges, mĂŞme dans mon chevet, si cela arrive le soir, ou la nuit, ou au petit matin, voyez, cela m’est indispensable, car je ne le souhaite Ă  personne mais ces dĂ©mangeaisons sont tout de suite invivable si on ne met rien dessus. Pour gratter l’oreille, cela m’est indispensable vraiment, et ce n’est pas dangereux du tout, en faisant attention, ne pas le faire comme un malade Ă  fond bien sĂ»r !

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