Longévité : cette femme de 119 ans avait-elle un secret ?
Chère lectrice, cher lecteur,
La doyenne de l’humanité, la Japonaise Kane Tanaka, est décédée le 19 avril dernier à l’âge de 119 ans[1].
Son décès est survenu 9 jours après avoir reçu officiellement le titre de deuxième personne la plus âgée de tous les temps, derrière Jeanne Calment[2].
Son histoire est fascinante.
Elle nous éclaire un peu plus sur les mystères de la longévité et nous aide à faire le tri entre les vrais secrets anti-âge et les idées reçues.
Naissance Ă risque en 1903
On pourrait croire qu’une vie préservée de la souffrance est gage de longévité.
Mais à voir celle de Kane Tanaka, cela n’est pas vrai.
En près de 120 ans, elle a surmonté de nombreuses épreuves, à commencer par sa naissance, puisqu’elle est née prématurément le 2 janvier 1903, à une époque où les conditions d’accompagnement pour les prématurés n’étaient pas les mêmes qu’en 2022.
Pour rappel, la mortalité infantile était 40 fois plus élevée il y a 100 ans qu’aujourd’hui : selon l’Insee, en 1900, il y avait en moyenne 143 décès sur 1 000 naissances en France, contre seulement 3,6 un siècle plus tard[3].
À cette époque, seul 1 bébé sur 6 pesant entre 1,2 kg et 1,5 kg survivait à la naissance (contre 5 sur 6 actuellement), et avec souvent de graves séquelles (apprentissage lent, retards moteurs, hyperactivité, anxiété…)[4].
Au tout début du XXe siècle, il était d’ailleurs courant de présenter les enfants prématurés dans des expositions ou des foires[5].
On peut donc dire que la naissance de Kane Tanaka relevait déjà de l’exploit.
Deuils, guerres, cancer… Elle survit aux pires épreuves
Les choses ne s’arrangent pas avec les années pour Kane Tanaka.
Sur ses cinq enfants, elle en perd trois : sa fille aînée meurt peu après sa naissance, sa deuxième fille décède à l’âge d’un an et sa troisième fille (adoptive) est emportée par une maladie à l’âge de 23 ans.
En plus d’avoir dû affronter trois fois la mort d’un de ses enfants, elle vit le départ de son mari à la guerre entre 1937 et 1939, de même que l’un de ses fils qui sera capturé par les Russes et emprisonné en Sibérie jusqu’en 1947 !
Puis, en 1993, Kane Tanaka perd son mari après 71 ans de mariage. Imaginez le vide que cela doit laisser après autant d’années de vie commune.
Et ce n’est pas terminé.
En 2006, on lui diagnostique un cancer du côlon… alors qu’elle est déjà âgée de 103 ans !
Malgré son âge avancé, elle se bat et guérit.
Kane Tanaka n’a donc pas eu une vie facile, et cela ne l’a pas empêchée d’atteindre l’âge exceptionnel de 119 ans.
Au contraire, chacune des épreuves qu’elle a surmontées semble l’avoir rendue plus forte pour affronter la suivante.
Soda et chocolat : un mode de vie pas vraiment exemplaire
On pourrait aussi penser que Kane Tanaka doit sa longévité à une hygiène de vie irréprochable.
Mais encore une fois, ce n’est pas tout à fait vrai.
Le mode de vie des Japonais est effectivement considéré comme l’un des plus sains au monde (c’est le pays qui compte le plus de centenaires avec 68,5 centenaires pour 100 000 habitants)[6] : leur alimentation est basée sur une prédominance de végétaux (80 % de leurs repas), de poissons et d’algues, souvent accompagnés de riz[7].
Les Japonais consomment peu de produits à base de sucre, gluten ou de lait. Ils boivent peu d’alcool et beaucoup de thé vert, réputé pour ses propriétés antioxydantes.
Mais Kane Tanaka n’était pas exemplaire pour autant. Elle était très friande d’aliments sucrés, en particulier de chocolat et de sodas[8].
Ces « écarts » sont d’ailleurs fréquents chez les supercentenaires :
- Batuli Lamichhane (112 ans) fumait 30 cigarettes par jour depuis l’âge de 17 ans[9]
- Elizabeth Sullivan (106 ans) buvait trois Dr Pepper (un soda américain) par jour[10]
- Evangelia Karnava (115Â ans)Â ne jurait que par le Coca-Cola[11]
- Pearl Cantrell (105 ans) mangeait du lard grillé à chaque repas[12]
- John Mansfield (108 ans) se préparait tous les matins un english breakfast avec des saucisses[13]
- Doris Olive Nelling (100 ans) descendait une pinte de bière Guinness par jour[14]
- Richard Overton (112 ans) buvait 4 verres de whisky le matin, mangeait de la crème glacée tous les soirs et fumait 12 cigares par jour[15].
Même si un mode de vie sain peut augmenter les chances de vivre plus longtemps, il est clair que ces centenaires n’ont pas vécu aussi longtemps grâce à une hygiène de vie irréprochable.
Malgré les aliments industriels, la cigarette et l’alcool fort, ils ont tous échappé aux maladies graves pendant plus de 100 ans.
Mais alors si ce n’est ni une vie préservée, ni une alimentation saine qui a permis à Kane Tanaka et aux autres supercentenaires d’avoir une longévité exceptionnelle… quel est leur secret ?
« Le moment le plus heureux de ma vie ? Maintenant ! »
Ce qui m’a le plus marqué dans la vie de Kane Tanaka, c’est ce simple mot, lâché lors d’un entretien il y a deux ans.
Nous sommes en 2019, Kane Tanaka, alors âgée de 116 ans vient d’être reconnue par le livre Guinness des records comme la doyenne de l’humanité.
On lui demande quel Ă©tait le moment le plus heureux de sa vie.
« Maintenant », répond-elle sobrement[16].
À son âge, Kane Tanaka aurait pu regretter les bonheurs de sa jeunesse, jeter un regard nostalgique sur son passé et considérer sa vie comme finie…
Mais non !
Malgré ses malheurs, ses deuils, son cancer, la vieillesse et la perte d’autonomie causée par l’âge… elle a vécu pleinement dans le présent jusqu’à son dernier jour.
Je n’ai jamais été un grand amateur de ces livres de « développement personnel » à la mode, qui nous enjoignent de « vivre dans l’instant présent »…
Mais il faut reconnaître que l’expérience de Kane Tanaka est magnifique, parce qu’elle est sincère et vécue.
C’est une belle leçon pour chacun de nous : accepter que la vie puisse être changeante, douloureuse ou triste sans pour autant cesser d’être épanouissante… et même devenir de plus en plus épanouissante avec le temps qui passe.
Comment vous « entraîner » à vivre longtemps en bonne santé
On retrouve ici ce que le psychiatre Boris Cyrulnik a popularisé sous le nom de résilience, c’est-à -dire notre capacité à surmonter les difficultés et à nous reconstruire après un événement traumatique.
Selon lui, notre capacité de résilience se construit principalement lors des 1 000 premiers jours de notre vie (depuis notre conception jusqu’à nos 2 ans), grâce à une niche affective sécurisante[17].
Il serait malgré tout possible, dans une moindre mesure, de « s’entraîner » à la résilience, notamment en préservant de bons contacts sociaux, en travaillant notre optimisme ou encore en se fixant des objectifs stimulants et réalistes…
Mais il existe surtout beaucoup d’autres leviers pour augmenter nos chances de vivre longtemps en bonne santé.
Le journaliste Dan Buettner, qui a étudié les fameuses « zones bleues », ces régions qui abritent le plus de centenaires au monde (Okinawa, Icarie, Sardaigne…), a répertorié 9 caractéristiques communes à toutes ces populations[18] :
- Avoir une activité physique modérée et régulière, tout au long de la vie
- Pratiquer la restriction calorique
- Avoir une alimentation majoritairement végétale
- Consommer de l’alcool avec modération
- Donner un sens Ă sa vie
- RĂ©duire le stress
- Avoir un engagement spirituel ou religieux
- Mettre la famille au centre de sa vie
- S’engager au sein de la communauté
Je ne connais pas assez bien la vie de Kane Tanaka pour savoir si elle suivait vraiment ces 9 « principes de longévité »… Mais ceux-ci se retrouvent dans toutes les régions du monde où la longévité est la plus élevée.
Le spécialiste de la longévité Jean-Louis Dieu évoque, quant à lui, 5 piliers de la longévité, validés scientifiquement, et sur lesquels nous pouvons agir :
- L’alimentation
- L’activité physique
- La gestion de nos Ă©motions
- Les rapports sociaux
- Le développement spirituel
Amicalement,
Florent Cavaler
Merci ♥️ J’apprĂ©cie beaucoup, Que Dieu vous bĂ©nisse.
Bonjour. Je pense que le facteur Pollution qui était moindre à son époque que la nôtre a joué un rôle dans sa longévité.
Kane Tanaka n ‘est pas morte en avril dernier mais en 2022
Bonjour,
Effectivement, cette lettre date de 2022. Elle a été renvoyée par erreur à certains lecteurs.
Toutes mes excuses.
Amicalement,
Florent
Super intĂ©ressant votre message sur la longĂ©vitĂ©. Ma mère fumait ses trois paquets de cigarettes par jour en inhalant la fumĂ©e. D’autres plaisirs : le coca-cola ou encore son chat Fifi qui mangeait avec elle sur la table. Ma mère fille de mĂ©decin ne se privait pas de merveilleux et autres Ă©clairs au chocolat. Tout ce dont elle avait envie, pas de rĂ©gime, pas d’Ă©charpe ou de bonnet l’hiver. Libre envers et contre tout. Elle est dĂ©cĂ©dĂ©e Ă 89 ans. Et je crois sincèrement que sans Fifi qu’elle appelait « mon petit ange blanc » elle n’aurait pas tenu le coup. Il y a des couples bien assortis qui se soutiennent psychiquement. A noter que Fifi Ă©tait adorable avec ma mère mais de nature agressive avec les autres humains.
ce que je retiens de ma propre expĂ©rience, c’est d’avoir des objectifs (Ă©crire, peindre, apprendre, oser dire ce que l’on pense ; par ex. L’humain n’est pas au sommet de la hiĂ©rarchie des espèces, respecter la Nature et influencer son entourage si entourage il y a dans ce sens, lire et relire ses auteurs prĂ©fĂ©rĂ©s, s’intĂ©resser Ă l’invisible, l’infiniment petit, la mĂ©canique quantique etc.) Danser, rire, ĂŞtre vĂ©gĂ©tarienne, ne jamais marcher sur les pâquerettes… Conversations avec les anges .
Ce qui me mine la santĂ© : l’incommensurable bĂŞtise humaine en matière d’Ă©thique, les sĂ©vices subis par toutes les espèces non humaines principalement Ă cause de l’espèce humaine. Ce qui me donne du courage : une bonne action envers les autres ou envers moi-mĂŞme. DĂ©corer mon lieu de vie, parler Ă la lune et aux soleil, etc. MalgrĂ© le fait de devenir de plus en plus vieille me trouver moins moche que la veille et essayer de m’en convaincre comme d’un miracle. Bref, chacun ses conneries sans doute. Vive la crĂ©ativitĂ© positive et l’imagination sans lesquelles la vie – cette illusion d’optique – est un trou noir.
Merci infiniment pour vos publications, Super !
Bonjour ,je vois qu’ily Ă tout et son contraire ,mais on ne nous dis pas si elle avait 1 nature joyeuse ,je pense que cela est important ,se laisser porter par la vie ,demain est 1 autre jour
Avis personnel. Tres bien ecrit!!!
Une question toute simple : cette brave madame de 119 ans a-t-elle été vaccinée contre le covid 19 avant son trépas ???
Bonjour Yvette,
L’histoire ne le dit pas… 🙂
Amicalement,
Florent