Épices de Noël : pourquoi j’en « abuse » pendant l’hiver

Chère lectrice, cher lecteur,

Pour certains, Noël évoque les guirlandes lumineuses qui décorent les ruelles des villes.

Pour d’autres c’est le feu de cheminée qui crépite, et la neige qui tombe derrière les vitres embuées.

Il y a aussi les moments en famille, autour d’un bon repas, les chants devant le sapin ou encore l’oncle, déguisé en Père Noël, et les enfants émerveillés par ce gros monsieur barbu.

Pour moi, Noël c’est avant tout des goûts et des odeurs.

Les biscuits à la cannelle et au gingembre, les mandarines, les fameux thés de Noël, le pain d’épice au miel…

Je me suis toujours demandé pourquoi il existait des épices typiques à la période de Noël.

Des épices d’Asie pour célébrer une fête occidentale ?

La plupart des épices de Noël ne sont pas originaires d’Europe. La cannelle, par exemple, est originaire d’Asie du Sud (Sri Lanka et Chine).

Durant l’Antiquité, elle est acheminée en Grèce et à Rome par la route de la soie. Elle est aussi précieuse que l’or[1].

Au XVIe siècle, des expéditions portugaises arrivent sur l’île de Ceylan (Sri Lanka) et développent le commerce de la cannelle en Europe.

Au Moyen-Âge, elle était utilisée pour masquer les mauvaises odeurs de la viande faisandée. D’abord réservée à la noblesse, la cannelle se démocratise au XIXe siècle quand les Hollandais réussissent à cultiver le cannelier (qui poussait jusque-là uniquement à l’état sauvage) et à accroître fortement la production de cannelle[2].

Le gingembre, quant à lui, est originaire d’Inde, mais il était déjà connu des Grecs et des Romains pendant l’Antiquité, et couramment utilisé au Moyen-Âge pour aromatiser les plats[3].

Mais qui a eu l’idée étrange d’associer ces épices aux fêtes de Noël ?

Cannelle, gingembre, cardamome, badiane, clous de girofle, muscade, miel…

Aujourd’hui, il est facile de se procurer ces épices toute l’année. Mais c’est bien au mois de décembre que nous les utilisons le plus souvent dans les pâtisseries et les tisanes.

Pourquoi ?

Pour comprendre cette curieuse tradition, remontons au Moyen-Ă‚ge.

Comme je vous l’ai dit plus haut, nos ancêtres utilisaient beaucoup d’épices, que ce soit pour aromatiser leurs plats ou leurs pâtisseries.

Dans les récits anciens, on retrouve des recettes de gâteaux à base de cannelle, de girofle ou de cardamome, et le plus souvent en fin d’année.

À cette époque, les semaines qui précédaient la fête de la Nativité étaient un moment dédié à l’introspection et au repentir[4].

Ainsi, dans les monastères, il était courant de jeûner pendant la période de l’Avent.

Pendant presque un mois, les moines ne mangeaient rien, ou presque.

En effet, ils étaient autorisés à consommer… des gâteaux aux épices.

Ceux-ci n’étaient pas considérés comme des aliments au sens strict, mais bien comme des remèdes pour purifier le corps et l’âme[5].

Ils étaient donc pleinement intégrés aux pratiques de purification et d’introspection des moines durant le mois de décembre.

Les bienfaits de ces épices pendant l’hiver

Mais ces épices ne sont pas seulement intéressantes pour purifier votre âme, elles ont aussi des bienfaits particulièrement utiles en période froide.

On pense bien sûr à « l’effet réchauffant » de certaines plantes comme le gingembre et la cannelle, mais pas seulement.

Au XIIe siècle, la célèbre Hildegarde de Bingen, considérée comme la mère de la naturopathie, décrivait déjà les bienfaits de la muscade sur les humeurs[6], ou encore du gingembre pour améliorer l’état d’une personne affaiblie[7].

Aujourd’hui, les recherches ont confirmé l’intérêt de consommer ces aliments en hiver :

  • Le gingembre aide les globules blancs Ă  parvenir plus rapidement aux microbes en stimulant la circulation sanguine et la vasodilatation pĂ©riphĂ©rique. Il renforce ainsi votre immunitĂ© contre les infections hivernales (rhume, bronchite, angine, toux, grippe[8]).
  • La cannelle de Ceylan, riche en aldĂ©hyde cinnamique, possède une forte activitĂ© antibactĂ©rienne qui agirait sur 98 % des germes. Elle augmente la rĂ©ponse immunitaire aux agressions et peut aider Ă  combattre les infections ORL[9]. Bon Ă  savoir avant vos repas de fĂŞtes : des Ă©tudes ont aussi montrĂ© qu’elle diminuait la rĂ©sistance Ă  l’insuline[10] et aidait Ă  la digestion[11].
  • Selon le naturopathe Nicolas Wirth, la badiane de Chine tonifie elle aussi l’estomac et stimule la production du mucus protecteur[12]. Comme ses cousines au goĂ»t anisĂ©es (fenouil, anis), elle est intĂ©ressante en cas d’aigreur d’estomac, et quand vous abusez de « bonnes choses » pendant les fĂŞtes.
  • De la mĂŞme famille que le gingembre et le curcuma, la cardamome est utilisĂ©e depuis des milliers d’annĂ©es en AyurvĂ©da, notamment pour soigner les bronchites. Elle est aussi reconnue pour favoriser un bon transit, mais aussi en cas de fatigue et de dĂ©prime, des maux courants pendant la pĂ©riode froide[13].
  • D’après la phytothĂ©rapeute Caroline Gayet, le clou de girofle aurait de puissantes propriĂ©tĂ©s antibactĂ©riennes, antalgiques et antiseptiques qui le rendraient particulièrement utile en cas d’infections ORL[14].
  • La muscade est la plante de la digestion par excellence. Elle est particulièrement indiquĂ©e pour tous les dĂ©règlements liĂ©s au microbiote. Attention cependant Ă  la consommer avec modĂ©ration et Ă  ne jamais dĂ©passer 5 grammes (environ une noix), au risque d’avoir des nausĂ©es, voire des hallucinations[15].
  • La mandarine n’est pas une Ă©pice, mais on la retrouve souvent dans les repas de NoĂ«l ou sĂ©chĂ©e dans les mĂ©langes de thĂ©. Comme tous les agrumes, la mandarine est une bonne source de vitamine C, utile pour fortifier l’organisme en hiver. Selon la mĂ©decine chinoise, la peau de mandarine aiderait Ă  apaiser les ballonnements, les difficultĂ©s respiratoires, une fatigue gĂ©nĂ©rale, ou encore une toux avec mucositĂ©s[16].
  • Le miel est souvent associĂ© aux Ă©pices de NoĂ«l (notamment dans le pain d’épice). Il est connu pour ĂŞtre un puissant anti-infectieux[17]. D’après certaines Ă©tudes, le miel agirait mĂŞme contre les bactĂ©ries rĂ©sistantes aux antibiotiques, comme le staphylocoque dorĂ©[18].

Recette de pain d’épice et de thé de Noël

Je partage avec vous quelques idées de recettes pour profiter des bienfaits de ces différentes épices.

La façon la plus simple est de les utiliser en infusion.

Voici un exemple de recette de thé de Noël réconfortant pour la période des fêtes[19] :

  • Choisissez un thĂ© noir bio pur non aromatisĂ© (ou un thĂ© vert si vous le souhaitez)
  • Pour 100 grammes de thĂ©, il vous faudra : le zeste sĂ©chĂ© au four d’une orange, 6 clous de girofle, 6 Ă©toiles de badiane, 6 graines de cardamome entières et 4 bâtons de cannelle de Ceylan.
  • Pilez grossièrement les Ă©pices et mĂ©langez-les au thĂ© noir
  • Votre thĂ© de NoĂ«l est prĂŞt. Vous pouvez l’infuser dans de l’eau chaude ou le stocker dans une boĂ®te en attendant les fĂŞtes

N’hésitez pas à varier les épices en fonction de vos goûts.

Si vous n’aimez pas les tisanes, vous pouvez aussi préparer une autre boisson conviviale pour les froides soirées d’hiver : le vin chaud.

Voici une recette de vin chaud gourmande et facile à préparer[20] :

  • Choisissez un vin non tannique, de prĂ©fĂ©rence jeune, fruitĂ© et rond, comme un merlot ou un gamay
  • Dans une casserole, mĂ©langer 1,5 litre de vin avec 150 grammes de sucre ou de miel, une orange coupĂ©e en morceaux, le zeste d’un citron et d’une orange et des Ă©pices, au choix : cannelle, badiane, girofle, noix de muscade râpĂ©e…
  • Chauffez et laissez frĂ©mir pendant 5 minutes.
  • Filtrez et servez chaud.
  • Si vous optez pour du miel Ă  la place du sucre, je vous conseille de l’ajouter Ă  la fin quand le mĂ©lange a commencĂ© Ă  refroidir pour bien prĂ©server toutes ses propriĂ©tĂ©s.

Je n’ai encore jamais essayé de confectionner mon propre pain d’épices. Mais j’ai trouvé sur le blog de pâtisserie Les épices rient une recette qui fait très envie et que je testerai peut-être pour Noël (à lire ici).

Amicalement,

Florent Cavaler





13 rĂ©ponses Ă  “Épices de NoĂ«l : pourquoi j’en « abuse » pendant l’hiver”

  1. Genevieve dit :

    Ces épices  » d hiver » sont chaudes et réconfortantes, je dirais même consolantes,
    Elles me font le plus grand bien,tant physique que émotionnel et avec du citron et du miel bien sûr, étant apicultrice!
    Très belle présentation de ces merveilleuses épices.
    .

  2. Raymonde dit :

    Merci beaucoup pour les informations très précises,
    Bonne fête de fin d’année,

  3. Perret c dit :

    Merci pour cet article très intéressent et digne d’un weekend de. Noël

  4. Lentz dit :

    Bonjour, merci de toutes c’est information. Cependant vous ne dîtes rien sur les bienfaits du clou de girofle ? .
    Je suis cuisinier et je me suis depuis un certain temps intéressé au bienfait avéré des nutriments dans la cuisine & pâtisserie..

  5. martine dit :

    On peut aussi remplacer le vin par du jus de pommes c’est dĂ©licieux ! Joyeuses fĂŞtes Ă  tous

  6. Michel Charpentier dit :

    Merci pour ces informations concernant NoĂ«l… Ce qui me choque, vĂ©ritablement, c’est que vous soyez capable d’Ă©voquer NoĂ«l sans aucune rĂ©fĂ©rence aux racines chrĂ©tiennes de cette fĂŞte ! Pas un seul « petit JĂ©sus » ou autre dans votre Ă©vocation. Rien d’Ă©tonnant que notre sociĂ©tĂ© parte Ă  la dĂ©rive sans un minimum d’Ă©lĂ©vation spirituelle…

    • Vic dit :

      « Prudence » éditoriale « laïque », sans doute.
      Sur le fond vous avez raison monsieur Charpentier, merci pour votre intervention.

      Et merci quand même ( ;-)) ) au rédacteur pour cet article « gourmand » !

      Bonne pĂ©riode de l’Avent, et bon NoĂ«l Ă  tous !

  7. Martine GRANDJEAN dit :

    pour les enfants et aussi ceux qui n’apprĂ©cient pas le vin, je le remplace par un bon jus de raisin noir… c’est dĂ©licieux et non alcoolisĂ© Ă  coup sĂ»r !

  8. Alexandre BUCHMANN dit :

    Ah la cardamome !
    J’avais fait plusieurs voyages au Liban, et dans le cafĂ© que les restaurateurs servaient Ă  la fin des repas (dans des petits verres en porcelaine, sans anse, très Ă©vasĂ©s) ils ajoutaient souvent de la cardamome. Bien entendu, on pouvait touiller au dĂ©but mais surtout faire redescendre le marc avant de consommer. Merveilleux souvenirs du pays des cèdres et des Libanais Ă  qui j’adresse mes meilleures pensĂ©es en ces temps troublĂ©s.

  9. Aurore dit :

    Une recette riche en Ă©pices de NoĂ«l : les biscuits de la joie de Hildergarde de Bingen. Je respecte bien les proportions, j’utilise de la farine de sarrasin. La farine de petite Ă©peautre est bien aussi. Se dĂ©gustent pour le plaisir

  10. Maflor dit :

    Excellente et délicieuse présentation, merci beaucoup!

  11. Anne Robelain dit :

    Cela fait trois Noëls que je fais le pain d épices des Épices rient et je confirme qu il est excellent, je prépare moi même les épices
    Bonnes fĂŞtes de fin d’annĂ©e
    Anne

  12. M. V. dit :

    Personnellement, pour Ă©viter le sucre et aussi le miel (bien qu’Ă©videmment infiniment supĂ©rieur au sucre Ă  condition d’ĂŞtre qualitĂ© et d’un vĂ©ritable apiculteur), j’utilise le sirop d’Ă©rable pour agrĂ©menter le vin chaud (sirop d’Ă©rable catĂ©gorie A++, donc très clair, very light en Canada anglophone). Bien Ă  vous, Marie

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