Piment : le blouson noir de la nutrition

Le piment est un peu le blouson noir de la nutrition.

Pas le genre garçon bien peigné, qu’on présente à la famille aux baptêmes et aux communions.

Lui, c’est l’aventure, la fureur, le bruit des motos qui démarrent… Il faut qu’il pique les lèvres, qu’il brûle la langue, qu’il « déchire la bouche ».

Si vous faites trois recherches sur Google, vous allez voir qu’Internet est truffé de vidéos complètement stupides de personnes qui se lancent le défi d’avaler « un maximum de piments ».

Bien sûr, cela se termine mal, voire vraiment mal avec parfois un passage aux urgences, et voilà comment on crée de toute pièce une réputation catastrophique au piment et comment on se prive de sa consommation pourtant si bienfaitrice.

D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que le pharmacologue Wilbur Scoville inventa l’échelle qui porte son nom : pour mesurer la force du piment en fonction de sa teneur en capsaïcine, un composé qui stimule les terminaisons nerveuses au niveau des muqueuses et de la peau.

Degré Appréciation Unités (Scoville) Exemple
0 neutre 0 – 100 Poivron
1 doux 100- 500 Paprika doux
2 chaleureux 500 – 1000 Piment d’Anaheim
3 relevé 1000 – 1500 Piment Ancho
4 chaud 1500 – 2500 Piment d’Espelette
5 fort 2500 – 5000 Piment Chimayo
6 ardent 5000 – 15000 Paprika fort
7 brûlant 15000 – 30000 Piment Cascabel
8 torride 30000 – 50000 Piment de Cayenne
9 volcanique 50000 – 100000 Piment tabasco
10 explosif 100000 et plus Piment habanero

Le résultat, c’est que le piment est devenu comme ces acteurs qui « jouent toujours le même rôle » et dont on découvre un jour qu’ils auraient été parfaitement capables de changer de registre… pour peu qu’on leur demande.

Car sous les clous du blouson noir, le piment révèle en réalité une personnalité exceptionnelle. Un trésor de santé.

Bon pour le cœur

Une étude américaine réalisée sur 16 000 individus [1], suivis pendant 23 ans, a montré que la consommation régulière de piment pouvait réduire le risque de mourir d’un AVC de 13 % par rapport à ceux qui n’en consomment pas du tout.

Cette vertu du piment serait expliquée par sa haute teneur en capsaïcine, qui contribue à une bonne santé cardiaque en diminuant le taux de cholestérol sanguin et en détendant les muscles situés autour des vaisseaux, permettant ainsi une meilleure circulation.

Bon pour le poids

De plus, des études chez l’humain révèlent que la capsaïcine du piment entraîne une augmentation du métabolisme basal (dépense d’énergie minimum permettant à l’organisme de survivre) après la prise alimentaire.

Il a aussi été démontré chez l’humain que la capsaïcine du piment peut augmenter la sensation de satiété et diminuer l’apport alimentaire.

Ces effets du piment constituent un atout pour les personnes qui surveillent leur poids.

Bon contre le cancer

Un groupe de chercheurs dirigés par le Dr Sanjay Srivastava, de l’Université de Pittsburgh, aux Etats-Unis, a étudié l’action de la capsaïcine sur l’inhibition des cellules cancéreuses dans les tumeurs pancréatiques [2]  [3].

Elle a montré que cette substance venait contrecarrer la fonction mitochondriale des cellules cancéreuses du pancréas, ce qui entraîne leur apoptose (mort cellulaire programmée).

Intéressant également : la capsaïcine n’a aucun effet sur les cellules saines du pancréas. Le Dr Srivastava la présente comme un inhibiteur efficace du processus cancéreux qui pourrait même en faire un agent chimiothérapeutique original pour le cancer du pancréas [4].

Toujours dans la prévention des cancers, certaines variétés de piment fort sont de bonnes sources d’alpha-tocophérol, un composé antioxydant qui est aussi une forme de vitamine E qui pourrait jouer un rôle dans la prévention de certains cancers, des maladies cardiovasculaires et de la maladie d’Alzheimer [5].

Et ce n’est pas tout ! Une équipe de scientifiques du Centre Médical Cedars-Sinai et de l’Université de Californie de Los Angeles (UCLA), a souligné l’intérêt remarquable de la capsaïcine dans le cancer de la prostate [6] !

D’après les chercheurs, la capsaïcine entraînerait l’apoptose d’environ 80 % des cellules cancéreuses de la prostate chez la souris. Les tumeurs de la prostate traitées par ce simple ingrédient étaient 1/5 plus petites que celles des souris non soignées.

La quantité nécessaire pour avoir un effet thérapeutique est de 400 mg de capsaïcine 3 fois par semaine chez un homme de 90 kg.

Bon contre les douleurs articulaires

De son côté, le Dr Franck Gigon, phytothérapeute bien connu des lecteurs de Plantes & Bien-Être, s’enthousiasme pour le piment de cayenne en cas de douleurs articulaires.

Et il n’est pas le seul ! Le gel ou pommade à base de piment de Cayenne est recommandé par la FDA (Food and Drug Administration) et plébiscité par les experts de l’Eular (European League Against Rheumatism).

Il faut utiliser en application locale jusqu’à 3 à 4 fois par jour une crème concentrant 0,025 % à 0,075 % de capsaïcine.

À appliquer pendant au moins 15 jours.

Conseils pour manger des piments

Le site passeportsante.net, extrêmement bien documenté sur la question du piment, conseille de très nombreuses façons originales pour le consommer [7]. On retrouve bien sûr :

  • Le chili con carne : composé de piments, oignons, haricots rouges, tomates et bœuf haché, mijotés longuement ensemble.
  • La Harissa : piments broyés qui auront trempé une demi-heure dans l’eau et auxquels on ajoute de l’ail, de la coriandre, du carvi et du cumin ; ensuite faire monter en sauce avec de l’huile d’olive. Pour servir, diluer une pointe dans une louche remplie du liquide de cuisson de la viande et des légumes et en arroser le couscous.
  • La sauce verte italienne (salsa verde), composée d’ail, de chapelure, d’œufs durs, de pâte d’anchois, de câpres, d’huile d’olive, de piment, de persil et de poivre noir. Cette sauce relève les viandes bouillies, braisées ou grillées.
  • On peut aussi remplacer la moutarde par du piment d’Espelette dans la préparation de la mayonnaise. Ou préparer une rouille pour accompagner la bouillabaisse en écrasant ensemble deux petits piments, huit gousses d’ail, quelques foies de poisson et une pomme de terre ou une tranche de pain trempée dans la bouillabaisse et exprimée de son jus. Monter en mayonnaise avec de l’huile d’olive et saler.

Le feu qui ne s’éteint pas avec de l’eau

Une dernière chose, si un feu brûlant vous dévore après la consommation d’un piment, inutile de boire de l’eau, elle n’éteindra pas l’incendie.

En effet, la capsaïcine n’est pas soluble dans l’eau, mais dans… les matières grasses.

Il est donc plus judicieux d’avaler une gorgée de lait, un morceau de fromage ou tout autre aliment qui contient de l’huile ou des matières grasses !

Amicalement,

Florent Cavaler





[1] Chopan, M., & Littenberg, B. (2017). The Association of Hot Red Chili Pepper Consumption and Mortality: A Large Population-Based Cohort Study. PloS one, 12(1), e0169876.

[2] Rebecca Liu, Sanjay Srivastava – Meeting of American Association for Cancer Research, Washington -04/04/2006.

[3] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3954235/

[4] Philippe Sionneau, Piment de Cayenne, ce que savaient les médecins chinois, Revue Santé Corps Esprit, Octobre 2017.

[5]  Tucker JM, Townsend DM. Alpha-tocopherol: roles in prevention and therapy of human disease. Biomed Pharmacother 2005 August;59(7):380-7.

[6] http://cancerres.aacrjournals.org/content/66/6/3222.long

[7]Site Passeportsante lien ici

5 réponses à “Piment : le blouson noir de la nutrition”

  1. Dejond dit :

    Bonjour,

    Je connais la capcaïcine depuis 11 ans déjà car suite à une prothèse de genou, j’ai fait une réaction neuropathique; hyperdouloureuse à cet endroit. Dans le service d’algologie de ma clinique, ils ont couvert la zone en question avec la capcaicine durant 2h tous les 3 mois. J’ai eu une nette chez . Par contre j’ai acheté des gelules de C .chez CellInnov pour essayer de maigrir et j’ai attrapé des brûlures d’estomac, alors que je n’ai jamais eu de problèmes de digestion, et ai dû arrêter la prise. Quelques mois plus tard, j’ai fait un nouvel essai et la situation était encore pire. Depuis, je suis assez sensible à toutes les épices fortes alors que je les appréciais beaucoup auparavant.
    C’est seulement un témoignage que je voulais vous faire. Il vaut mieux être prudent.

    • Dejond dit :

      Il faut lire Nette amélioration dans mon message précédent. Et supprimer le « chez ». Mon ordi me joue sans cesse des tours. Excusez-moi

  2. Nicole Moulin dit :

    Merci pour cet article qui explique pourquoi j’aime tant le piment. PAr contre j’en ai presque quasiment réduit à zéro ma consommation pour la cause bien connue que cela active les hémorroïdes;
    Ce serait intéressant d’avoir un article sur ce sujet qui concerne une grande partie de la population, et comme cela je pourrai peut être remanger du piment avec certaines précautions???
    Merci de votre attention
    Nicole Moulin

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