L’homme qui devait mourir à 40 ans… et vécut 102 belles années
Et aussi : Si vous aimez les meubles en bois, Problème de sel, et La botte secrète en cas de rhinite allergique
J’ai découvert récemment l’existence étonnante de Luigi Cornaro, noble vénitien du XVIe siècle, que vous voyez représenté ici par Le Tintoret :

Si vous n’êtes pas amateur de peinture, ni intéressé par la République de Venise, vous allez me dire : « et alors ? »
C’est qu’il y a, à propos de ce tableau, un détail qui intéressera tout le monde.
Le Pierre Rabhi du XVIe siècle
Sur ce portrait réalisé en 1560, Luigi Cornaro, né en 1464, est âgé de… 96 ans ! Alors je veux bien que le peintre ait un peu flatté son modèle, mais admirez tout de même l’absence de rides et la détermination dans son regard, cette forte présence qui témoigne d’une intense acuité mentale.
C’est simple : on dirait qu’il fait trente ans de moins !
Et cela, pour le coup, ne doit rien au hasard ni à un coup de pinceau « sympa ». Luigi Cornaro a théorisé, et mis en pratique, une stratégie de longévité qui reste aujourd’hui encore d’une admirable pertinence.
Pour résumer son existence en deux mots, je dirais que Luigi Cornaro est un peu le Pierre Rabhi du XVIe siècle, le précurseur de la sobriété heureuse [1]. Avec une caractéristique particulière : c’est qu’il avait, en matière de santé, la foi des convertis sur le tard.
Dans les Discours écrits par Cornaro [2], on découvre en effet que les quarante premières années de sa vie furent marquées par l’excès. Voici ce qu’il écrit :
« J’ai décidé de renoncer à l’intempérance à cause du long cortège d’infirmités qui avaient fortement affaibli ma constitution délicate. Je me suis livré à un excès de nourriture et de boisson durant des années et par conséquent, mon estomac a commencé à se détraquer. »
« Je souffrais de violentes coliques, d’accès goutteux avec fièvre lente presque continuelle, d’une panne générale de mon estomac et d’une soif perpétuelle. La seule délivrance que je pouvais espérer était la mort. »
« Me trouvant dans un état si pitoyable entre mes 35 et 40 ans et après avoir essayé tout ce qui pouvait être envisagé pour me soulager mais en vain, les médecins m’ont fait comprendre qu’il me restait une dernière méthode que je devais absolument suivre avec persévérance si j’avais encore envie de continuer à vivre. Il s’agissait de mener une vie strictement sobre et réglée. »
« Cette méthode devrait être d’une grande efficacité. J’ai été immédiatement convaincu car je savais bien que c’était les excès qui avaient causé ma maladie. »
Sur un chemin de bonne santé
Commence alors pour lui un chemin de bonne santé qui va durer… 62 ans !
« D’abord, j’ai décidé de vérifier si tout ce qui satisfaisait mon palais était également bon pour mon estomac, et j’ai constaté très vite que mon estomac supportait mal de nombreux aliments succulents. »
« J’ai donc commencé à renoncer aux viandes et aux vins qui m’étaient nuisibles et je choisissais plutôt ce que je jugeais bon pour moi, ne prenant que ce que je pourrais digérer facilement tout en respectant rigoureusement aussi bien la quantité que la qualité. »
« Aussi, je faisais en sorte de ne jamais me sentir complètement rassasié et de me lever toujours de la table avec la sensation de pouvoir encore manger et boire. Pour maîtriser sa santé, l’homme doit maîtriser son appétit. »
« Ayant vaincu l’intempérance de cette manière, j’adoptais complètement une vie modérée et réglée, c’est pour cela qu’en moins d’un an j’ai été libéré de tous mes problèmes de santé qui, auparavant, semblaient incurables. »
« Il est vrai qu’en plus de ces règles alimentaires que j’ai scrupuleusement respectées, j’ai également évité autant que possible les excès de chaleur et de froid, la grande fatigue, la perturbation de mes habituelles heures de repos et les endroits manquant d’air. »
« De même, j’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour éviter d’avoir des sentiments qui sont difficiles à vaincre tels que la mélancolie, la haine, ces émotions violentes qui semblent avoir grande influence sur notre corps. »
Des siècles plus tard, la science confirmera en tous points le bien-fondé de cette vision, qui ne dissocie pas la santé du corps de celle de l’esprit.
Et la catastrophe arriva
Mais le chemin de Luigi Cornaro connut aussi son lot d’embûches :
Ses proches notamment s’inquiétèrent de son appétit de moineau et voulurent le convaincre de remanger plus. Cornaro accepta pour leur faire plaisir, mais en une seule semaine c’était déjà la catastrophe :
« J’avais à peine mené ce genre de vie pendant 8 jours que j’ai commencé à perdre mon entrain, ma gaieté et à devenir irritable et déprimé. Au 12e jour, j’ai ressenti une douleur au côté, accompagnée d’une fièvre qui a duré 35 jours. J’ai donc abandonné pour repartir sur le régime initial et tout alla bien à nouveau.
J’ai rappelé à mes proches ces 2 proverbes :
- Manger peu assure de manger de longues années
- Ce qui reste sur la table, après un repas copieux, nous fait plus de bien que ce que nous avons mangé.
À l’avenir, l’homme qui suit ces recommandations ne tombera plus jamais malade, il deviendra son propre médecin, car lui seul est son meilleur médecin. »
La route était tracée, il n’en dévierait plus.
Dans son quatrième et dernier Discours, qu’il écrit à peu près à l’époque où Le Tintoret peint son portrait, on peut lire :
« J’ai maintenant 95 ans et je suis toujours en bonne santé, vigoureux, content et joyeux. Cela est incroyable pour certains. Cela ne l’est pas pour moi. »
« Je monte à cheval sans aide, je grimpe facilement une “volée” d’escaliers, je peux gravir une colline sans m’essouffler. Je suis gai et de bonne humeur, mon esprit est calme, en fait, la joie et la paix règnent dans mon cœur. Et je chante, car j’ai une voix meilleure maintenant. »
« La pensée de la mort ne me tourmente pas du tout. D’ailleurs, je crois fermement que j’atteindrai l’âge de 100 ans… »
Luigi Cornaro est mort en 1466, à l’âge de 102 ans. Il fut son propre médecin, et ce qu’on appelait alors la tempérance, son seul et unique médicament.
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Si vous aimez les vieux meubles
Sur un tout autre sujet, il se trouve que je vous écris ma lettre sur un vieux secrétaire en bois fruitier qui appartenait à mon grand-père et auquel je tiens beaucoup.
Je n’ai qu’une crainte : qu’insectes et champignons partagent le même intérêt que moi pour ce meuble !!!
Heureusement, je viens de lire une recette naturelle de protection dans le journal Plantes & Bien-Être, et sa rédactrice en chef m’a autorisé à vous la communiquer. Si vous aimez les vieux meubles, gardez-là bien précieusement.
Identifiez les coupables
Première chose : tous les environnements sont concernés par les organismes qui détruisent le bois, mais le sont en particulier ceux où la température moyenne s’échelonne de 24°C à 32°C.
Les champignons et les moisissures s’installent comme des parasites sur leurs hôtes. Ils peuvent détruire complètement la cellulose et la lignine du bois, qui ensuite se désintègre en poudre. Pas facile alors de vous écrire ma lettre…
Pour garder les champignons sous contrôle, il ne faut pas que le taux d’humidité de l’air dépasse les 60 %.
Les insectes, eux, notamment les vers de bois dans leur forme larvaire, sont les plus destructeurs. Ils pondent leurs œufs directement à l’intérieur du bois. La larve y trouve sa nourriture et se nourrit continuellement jusqu’au stade adulte et à la reprise du cycle.
Soyez vigilants : lorsqu’un meuble est touché par des insectes, l’infection se propage facilement aux meubles alentour.
Optez pour les solutions naturelles
Il existe effectivement des solutions chimiques pour protéger et soigner le bois.
Mais le fait qu’il faille les utiliser avec un masque et un gant, et aérer longtemps après emploi, témoigne d’une toxicité importante. L’essence de mirbane, par exemple, n’est autre que du nitrobenzène, un puissant antiparasite toxique. Une substance classée matière dangereuse car elle est absorbée par les voies respiratoires et digestives ainsi que par la peau.
Du côté des solutions naturelles en revanche, aucune toxicité à signaler.
En prévention :
Pour entretenir et nourrir le bois, utilisez un mélange à parts égales de cire d’abeille et d’huile de lin. Il faut ensuite bien frotter pour faire briller. Attention à ne pas oublier les recoins des meubles : pieds, dessous, corniches…
On peut poser dans les meubles un flacon ouvert d’huile essentielle de bois de cèdre (Cedrus atlantica) et de thym à linalol (Thymus vulgaris CT linalol) ainsi que des brins de lavande et de laurier. Les deux huiles essentielles fragilisent la résistance des insectes, pendant que les brins de lavande et de laurier diffusent pour plusieurs mois une senteur qui leur est répulsive.
En traitement :
Voici un mélange à injecter dans les canaux déjà formés par les insectes :
Mesurez 10 ml d’essence de térébenthine auxquels vous ajouterez 20 gouttes d’huile essentielle de pin maritime (Pinus pinaster), à verser délicatement dans une seringue en verre.
Les trous traités seront refermés avec de la cire à bois après séchage. Le bois pourra alors être passé à l’huile de lin pour une protection supplémentaire bloquant l’entrée d’air dans les trous pouvant encore exister.
Voilà. Je m’apprête à faire ce traitement immédiatement sur mon vieux secrétaire. Si vous continuez à recevoir ma lettre, normalement, c’est qu’il tient toujours debout !
Flash ++. Sans sel, merci ! Le sel a un effet stimulant de nos papilles et les industriels le savent : ils en mettent partout ! Mais il aurait aussi un effet sur la sensation de satiété. Dans une étude récente, des chercheurs ont constaté que manger salé augmentait de 11 % la consommation spontanée d’aliments gras pour arriver à satiété. Une habitude qui contribue donc au surpoids [3]. Rhinite allergique. Des chercheurs chinois viennent de mettre au point un traitement d’aromathérapie qui aide à déboucher le nez, améliorer le sommeil et diminuer la fatigue en cas de rhinite : mélangez des huiles essentielles de bois de santal, de géranium et de ravensara, diluez le tout à 0,2 % dans de l’huile d’amande, versez 1 ml sur un coton et respirez pendant 5 minutes matin et soir pendant 7 jours [4].
Et comme disait le sage, « Aujourd’hui j’ai acheté du pain pour vivre, et cueilli des fleurs pour avoir une raison de vivre ».
Amicalement,
Florent Cavaler
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